Chargement en cours . . . 
une introduction à
la philosophie
(1)

 télécharger / imprimer la page...
page précédente...
dossiers, lexiques, textes, ...
la dissertation, le commentaire...
mises à jour, projets...
moteurs de recherche...
Philia [accueil]
   Mots clés :
Moteur actif Cléphi  
philosophie - sagesse - conscience - critique - opinion - croyance - pensée - réflexion - raison - connaissance de soi - connaissance - savoir / ignorance - science - sujet - subjectivité / objectivité - métaphysique - étonnement - embarras - problème - doute / certitude - défiance - soupçon - paradoxe - vérité / fausseté - dogmatisme - fanatisme - scepticisme - relativisme - nihilisme - liberté - autonomie -
Vous êtes ici :

 Ressources philosophiques | Dossier
 une introduction à la philosophie (1)

édition originale 07-09-2003
actualisée le 26-03-2005

Repères => 1. La philosophie comme QUESTIONNEMENT CRITIQUE

contre l'opinion

Une philosophie n'est pas une opinion, mais, au contraire, une pensée ayant entrepris un dépassement de l'opinion.

L'opinion, en effet, est d'autant plus certaine d'elle-même qu'elle est incertaine en fait : "Avoir une opinion, écrit Adorno, c'est affirmer, même de façon sommaire, la validité d'une conscience subjective limitée dans son contenu de vérité." Eliminant "de façon trompeuse le fossé entre le sujet connaissant et la réalité qui lui échappe", "l'opinion s'approprie ce que la connaissance ne peut atteindre pour s'y substituer".(même réf.). Elle est donc essentiellement un fait subjectif, une véritable "profession de foi" (idem), et celui qui adhère à l'opinion adhère en fait à lui-même, se prête pour ainsi dire serment à lui-même (Alain), sans souci d'objectivité, et cela jusqu'au dogmatisme, et parfois même jusqu'au fanatisme. Elle n'est donc pas une connaissance, mais, au contraire, une méconnaissance et une ignorance.

L'opinion est donc fausse par nature (et non par accident), ne serait-ce que parce qu'elle est fondée sur l'intérêt, et plus généralement sur des critères étrangers au souci de la vérité. Comme dit Bachelard, "l'opinion pense mal ; elle ne pense pas : elle traduit des besoins en connaissances. En désignant les objets par leur utilité, elle s'interdit de les connaître. On ne peut rien fonder sur l'opinion : il faut d'abord la détruire. Elle est le premier obstacle à surmonter." Au contraire, "de même que nous appelons homme libre celui qui est à lui-même sa fin et n'existe pas pour un autre, ainsi cette science (=la philosophie) est aussi la seule de toutes les sciences qui soit libre, car seule elle est à elle-même sa propre fin." (Aristote). Toute pensée libre, tout philosophie doit donc procéder d'abord à un questionnement et une mise en cause de l'opinion. Elle doit être une "anti-opinion", ou, comme la langue grecque le suggère, adopter une démarche paradoxale  : comme le dit fermement Hegel, "il n'existe pas d'opinions philosophiques."

penser
par soi-même

Mais qu'en est-il des sciences ? Ne sont-elles pas "la vérité" ? Husserl, prenant la méthode de Descartes comme modèle, affirme que "quiconque veut vraiment devenir philosophe devra 'une fois dans sa vie' se replier sur soi-même et, au-dedans de soi, tenter de renverser toutes les sciences admises jusqu'ici et tenter de les reconstruire." En effet, les connaissances dites scientifiques ont beau "être certaines", elle ne nous sont généralement connues, elles aussi, que de façon incertaine : à moins d'avoir vraiment étudié la question, notamment sous l'angle de l'histoire des sciences, c'est par ouï-dire que nous savons que la terre est une planète en mouvement autour du soleil. Notre savoir, au sujet de ce mouvement, ne diffère donc pas vraiment de l'opinion. Voilà pourquoi les connaissances "que nous considérons comme les mieux assurées" (Descartes), donc même nos connaissances scientifiques, doivent être examinées de façon critique, voire remises en question : faire de la philosophie, c'est toujours s'efforcer de penser par soi-même.

La philosophie commence donc avec ce doute sur la valeur des opinions, et même par un fort soupçon sur la valeur de nos propres opinions, qui après tout, ne sont à proprement parler que des croyances. Toute philosophie a donc l'ambition de dépasser la croyance : "Penser n'est pas croire." (Alain), "Penser c'est dire non. [...] Qui se contente de sa pensée ne pense plus rien." (Alain).

...Bien entendu, ce n'est pas une invitation à adopter l'opinion d'un autre. D'ailleurs, en un sens, nos opinions ne sont jamais vraiment personnelles : "chacun les subit et que personne ne les forme" (Alain). Ne sachant clairement comment penser, ne sachant précisément que penser, l'homme de l'opinion consulte ses aînés, ses pairs, les orateurs, la presse, toutes autorités qui, bien sûr, font de même. Il en résulte, comme dit encore Alain, que "les pensées mènent tout, et [que] personne ne pense.". Ainsi, selon cette analyse, conviendrait-il de dire que l'opinion est impersonnelle.

l'embarras
et le problème

Pourtant, en d'autres occasions, comment pourrions-nous adopter l'opinion d'un autre ? En effet, les opinions sont multiples : certains pensent ainsi, d'autres d'une autre façon, souvent radicalement opposée à la première. Et si les uns ont "de bonnes raisons" de penser ce qu'ils pensent... les autres aussi ont leurs "bonnes raisons". Alors, à quelle opinion se rallier ? que faut-il penser ? qui a raison ? Voilà ce que les grecs appelle l'embarras, c'est-à-dire la prise de conscience d'un problème philosophique. Selon Epictète : "Voici le point de départ de la philosophie : la conscience du conflit qui met aux prises les hommes entre eux, la recherche de l'origine de ce conflit, la condamnation de la simple opinion et la défiance à son égard, une sorte de critique de l'opinion pour déterminer si on a raison de la tenir [...]".

l'étonnement

Cette prise de conscience de la diversité des opinions est l'occasion qui nous fait penser que nous ne savons pas : ce que nous estimions être depuis toujours "évident", ne l'est alors plus du tout. Nous sommes alors étonnés. Dans l'étonnement, en effet, nous prenons conscience de l'insuffisance de notre connaissance : "celui qui s'étonne pense ignorer", dit Aristote. Cette conscience d'ignorer n'est bien sûr pas l'ignorance : prendre conscience de son ignorance, c'est déjà commencer à sortir de l'ignorance. L'ignorance proprement dite, quant à elle, est double, puisque l'ignorant non seulement ne sait pas, mais de plus ignore qu'il ne sait pas... et c'est d'ailleurs pourquoi il forme sa croyance. L'étonnement qui le réveille de son "sommeil dogmatique", pour emprunter l'expression à Kant, est bien un état intellectuel, et non affectif seulement, comme la surprise.

"connais-toi
 toi-même"



"aies le courage
 de te servir de
 ton propre
 entendement"

Cette réorientation de la pensée fait aussi que le philosophe doit se donner pour maxime de se connaître : "l'attitude et la vertu de sagesse, de même que la connaissance de soi-même consistent à savoir ce qu'on sait et ce qu'on ne sait pas." (Platon). En effet, l'exercice du penser philosophique suppose un travail d'autocritique qui suppose d'adopter la célèbre devise de Socrate : "Connais-toi toi-même". Tel est d'ailleurs aussi le sens de la réflexion : réfléchir (comme font les rayons lumineux venant frapper la surface du miroir) c'est revenir sur soi. Réfléchir n'est pas naturel, puisque la pensée nous porte d'abord et avant tout vers l'objet, vers les choses extérieures, vers le monde. Parce qu'elle est réflexive, la démarche philosophique implique donc un effort, "le courage de se servir de son propre entendement" (Kant) et une sorte de "patience conceptuelle" : elle n'est donc pas "naturelle", mais si la raison est naturelle en l'homme, son usage ne l'est manifestement pas. "Nous avons été enfants avant que d'être hommes", rappelle Descartes : si nous ne voulons pas vivre et penser comme des enfants, si nous ne voulons pas rester "mineurs" (Kant) toute notre vie, nous devons faire cet effort, et même, nous nous le devons, car "c'est proprement avoir les yeux fermés, sans tâcher jamais de les ouvrir, que de vivre sans philosopher" (Descartes).

la philosophie comme interrogation métaphysique

Mais peut-être n'est-il pas nécessaire de rencontrer ce conflit des opinions que nous avons évoqué pour être "étonné" : n'est-ce pas en effet en quelque sorte par nature que "l'homme, comme l'écrit Schopenhauer, est un animal métaphysique" ? Ainsi, écrit cet auteur, "la philosophie naît de notre étonnement au sujet du monde et de notre propre existence, qui s'imposent à notre intellect comme une énigme dont la solution ne cesse dès lors de préoccuper l'humanité."

doute
ou scepticisme ?

La philosophie est donc bien, comme dit Platon, " fille de l'étonnement". Celui qui ne s'étonne de rien ne doute de rien. Une remarque, toutefois : le doute philosophique a une signification critique et n'est pas à comprendre comme une simple "attitude" : la contestation du dogmatisme n'implique en effet aucunement ce que l'on appelle communément le scepticisme. Nous ne parlons pas ici du scepticisme philosophique, qui est d'un autre ordre, mais de l'attitude sceptique, aujourd'hui si répandue. Cette attitude est d'un homme qui a renoncé à la vérité. L'homme sceptique n'accorde aucun pouvoir à la raison et son nihilisme le conduit à nier la possibilité des valeurs : à l'écouter, tout est relatif, rien ne vaut rien. La sagesse dont le philosophe est l'ami suppose au contraire de se donner pour objectif le savoir et le bien par un usage approprié de sa raison : le doute philosopique est un doute rationnel, fécond, un "doute de lumière", comme dit justement Malebranche, parce qu'il émane de la raison, et vise la vérité.

2. La philosophie comme EFFORT DE COMPREHENSION

La philosophie, toutefois, ne saurait se réduire à une activité purement critique, négative. La critique, en effet, n'est pas une fin en soi : ce que vise la philosophie, c'est à comprendre le monde... ( lire la suite )

3. La philosophie comme ART DE VIVRE

L'étymologie l'indique : le philosophe est l'ami de la sagesse... ( lire la suite )

Retour au plan

Liens => La conscience

=>

La raison et le réel - La vérité

=>

La liberté



Moteur actif : Cléphi

changer le moteur =>  Cléphi  | Zoom | X-Recherche | aide

 remonter



            


 - Contrat Creative Commons (certains droits réservés) -