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la perception

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 Ressources philosophiques | Dossier
 la perception

édition originale 04-08-2003
actualisée le 15-05-2008

Notion

La perception est l'acte d'éprouver la présence sensible d'une certaine réalité. La perception est donc une conscience particulière, celle qui a pour objet la réalité présentée (=rendue présente) par la sensibilité : ce sont bien nos sens, en effet, qui nous ouvrent primitivement au monde. Ainsi, la perception est une certaine "conscience" de la réalité présente : celle qui (contrairement à l'imagination ou au souvenir), pose un certain "objet" comme réel et existant au moment même où elle s'exerce.

La conscience perceptive est donc « réaliste » (du latin res, "chose"), puisqu'elle admet spontanément :

  1. Que les choses perçues ont une existence objective indépendante de la pensée (= la perception serait saisie objective d'un donné objectif),
  2. Qu'elles sont comme nous les appréhendons (= la perception serait la copie fidèle de la chose perçue),
  3. Et qu'elles sont les causes de nos perceptions (= la perception résulterait purement et simplement du contact direct entre les choses et notre sensibilité).

Problèmes

Pourtant, la perception est-elle bien, comme l'opinion commune l'admet volontiers, l'enregistrement passif (et "donc" fidèle) des données de l'expérience ? Par exemple, la perception visuelle n'est-elle que l'enregistrement, par l'oeil, des contours & des couleurs des choses ? L'enjeu est de taille, car, comprise comme "fonction du réel", la perception peut prétendre avoir une place centrale dans la théorie de la connaissance objective : Voir est-ce savoir ? Et même : ne dois-je croire que "ce que je vois" ?

  1. Percevoir, est-ce sentir ?

Percevoir, est-ce simplement sentir, ou bien déjà juger ? La perception est-elle passivité ou activité ?

 

  1. Percevoir, est-ce savoir ?

Le monde perçu coïncide-t-il avec le monde réel ? La perception est-elle source d'illusion, ou bien science à l'état naissant ? Est-elle reflet objectif des choses, ou bien saisie subjective du monde comme de soi-même ?

 


Lexique

  • PERCEPTION : on remarquera que dans le français courant, la perception est tantôt l'acte de percevoir, tantôt la représentation qui en résulte, c.-à-d. non plus la visée elle-même (= l'acte), mais l'impression sensible, par exemple celle que nous recevons en regardant par la fenêtre (= le perçu). Généralement, les philosophes prennent soin de distinguer explicitement les deux sens du mot.

    Dans les deux cas, toutefois, la perception est rapport au monde par l'entremise des sens. Les psychologues distinguent ainsi perception extéroceptive (= perception des choses extérieures), perception intéroceptive (= perception de la vie organique à l'intérieur du corps), et perception proprioceptive (= perception d'ensemble du tonus musculaire à l'origine du schéma postural du "corps propre"). Toutefois, lorsque les philosophes évoquent la perception, il parlent le plus souvent, sauf mention contraire, de la perception du monde extérieur (= perception extéroceptive).

  • SENSIBILITE : ici, faculté de recevoir des impressions sensibles (= sensations). Réceptivité. En un sens plus large, la sensibilité est une propriété du vivant (pensez à la sensibilité du végétal à la lumière...) voire des choses simplement matérielles (sensibilité d'une pellicule photo). Pour Kant, la sensibilité humaine est, avec l'entendement, l'une des deux sources de la connaissance : l'entendement ordonne activement les données de l'expérience sensible, celle qui, justement, est recueillie par la sensibilité entendue comme "la réceptivité du sujet par laquelle est possible que son état représentatif soit affecté d'une certaine manière par la présence d'un objet".

  • APERCEPTION : terme créé par Leibniz, qui remarque que la plupart de nos perceptions passent inaperçues, c'est-à-dire restent inconscientes (théorie des "petites perceptions"). L'aperception, au contraire, est l'acte de s'apercevoir, consciemment, de sa vie sensible.

  • EXPERIENCE : ici, contact immédiat avec les phénomènes (par opposition au raisonnement, notamment). L'expérience désigne donc notamment notre relation sensible avec le monde − et avec notre propre corps. Adjectif correspondant : empirique [ne pas confondre avec expérimental, qui renvoie à l'expérience scientifique, entendue comme procédure de vérification d'une hypothèse].

  • CHOSE - OBJET - PHENOMENE : l'objet est en quelque sorte la chose telle qu'elle nous apparaît ; il est toujours objet d'un sujet. Ainsi, pour Kant, l'objectivité ne peut nous livrer la chose dans sa réalité, la chose telle qu'elle est en elle-même (= la chose en soi, dit Kant), qui reste inconnaissable, mais seulement des phénomènes. Le phénomène peut donc se définir comme l'objet d'une expérience possible, celle-là même qui sert à constituer la connaissance, y compris la connaissance scientifique. En ce sens, il y a bien une "vérité des phénomènes", et en ce sens, il faudrait prendre soin de bien distinguer le phénomène de la simple apparence sensible immédiate livrée par la perception - si souvent source d'illusion : le mouvement apparent du soleil peut nous donner l'illusion que la soleil tourne autour de nous, mais on ne peut dire, cependant, que ce mouvement apparent ne soit qu'une illusion. Si rien n'apparaissait, nous n'aurions en effet accès à aucune vérité. La science n'est donc pas négation, mais critique de l'apparence sensible.

  • EMPIRISME : du grec qui signifie "l'expérience". L'empirisme désigne toute théorie de la connaissance affirmant que nos idées (= toutes nos idées, même les plus "abstraites") dérivent plus ou moins directement de notre expérience sensible, de nos perception élémentaires.

    L'empirisme, souvent proche de l'opinion commune, conduit cependant à des assertions discutables :
    1. L'esprit est « au commencement (...) une table rase » (LOCKE), c.-à-d. est vierge de toute idée... Mais que veut dire au juste "au commencement" ?

    2. D'autre part, il faut supposer l'existence de sensations pures conçues comme les "briques élémentaires" de la perception qu'il faudrait considérer elles-mêmes comme des reflets des "qualités sensibles" (le chaud, le froid, le salé, le sucré, le rouge, le bleu)... Cependant, aussitôt "senties", ces sensations sont déjà parlées, traduites par des mots, c.-à-d. conceptualisées, interprétées, et donc abstraites ; la perception suppose-t-elle donc de telles unités élémentaires si on ne peut les dissocier de l'expérience perceptive qu'abstraitement ? En un sens, donc, la sensation n'existe pas pour moi : paradoxalement, comme l'écrit Jules LAGNEAU, « considérée en elle-même, la sensation n'est qu'un être abstrait ».

    3. Enfin, les idées sont « des copies de nos impressions, ou perceptions plus vives » (HUME). La raison elle-même est fille de l'expérience, et, conséquence dernière du système, toute la connaissance porte, non pas sur les choses elles-mêmes, mais sur de simples apparences, images changeantes et contingentes des choses... ce qui conduit à un scepticisme. Le problème central posé par l'empirisme est ainsi celui de la cohérence de la perception : comment, en effet, la multiplicité chaotique du donné sensible peut-elle s'organiser en une perception ayant un sens clair et homogène ? C'est à ce problème que s'attaque la philosophie critique de Kant.
Doctrines opposées : INTELLECTUALISME - PHILOSOPHIE CRITIQUE.
  • INTELLECTUALISME : contre l'empirisme, l'intellectualisme estime que l'entendement (= l'intellect, l'intelligence) joue un rôle essentiel dans la saisie perceptive. Ainsi, la célèbre analyse du morceau de cire dévoile à DESCARTES qu' « un objet est pensé, et non pas senti » (Alain). L'esprit est donc actif dans la perception, laquelle ne saurait donc être réduite à un enregistrement purement passif du donné sensible.

  • PHILOSOPHIE CRITIQUE : « Toute notre connaissance, écrit KANT, commence avec l'expérience, mais il ne s'ensuit pas qu'elle en dérive toute ». La première partie de la phrase semble concéder à l'empirisme l'idée selon laquelle nos connaissances ont une origine perceptive. Mais Kant précise aussitôt que cela ne signifie pas que nos perceptions ne soient qu'un reflet des choses extérieures : elles ne sont possibles, en effet, que sous la condition d'une structure a priori qui réside en nous.

    Par exemple, nous percevons les choses extérieures dans l'espace, et les empiristes disent que l'espace est une idée abstraite à partir de l'expérience que nous faisons des choses extérieures, qui sont toujours "quelque part" : ainsi, du lieu dont nous faisons l'expérience concrète dans notre rapport perceptif aux choses découlerait, par abstraction, l'idée d'espace... Mais, demande KANT, comment l'idée d'espace pourrait-elle découler de l'expérience de choses spatiales ? L'espace ne saurait en effet dériver de l'expérience, puisque l'expérience des choses extérieures − même la toute première − ne saurait avoir lieu que dans l'espace : ainsi, pour KANT, l'espace est une structure a priori de l'expérience du monde. Ainsi, la "matière" de la perception est-elle bien empirique et donnée a posteriori (« Toute notre connaissance commence avec l'expérience »), tandis que sa "forme" est a priori (« il ne s'ensuit pas qu'elle en dérive toute »).

    Plus précisément, l'espace est la condition a priori de la perception des choses extérieures − ou, si l'on préfère, une forme "pure" (= non empirique) de la sensibilité. L'espace, en effet, n'est pas une idée : la "spatialité" n'est pas conceptuelle, ou, en d'autres termes, n'implique pas l'entendement. Ainsi est-il possible d'éviter à la fois l'empirisme (l'espace n'est pas dérivé de l'expérience) et l'intellectualisme (l'espace n'est pas un concept, "une idée innée") : l'esprit n'est pas tout à fait une "table rase".

    Leibniz disait déjà : « il n'y a rien dans l'entendement qui n'ait été auparavant dans les sens... si ce n'est l'entendement lui-même ». Selon la philosophie critique de Kant, il faudrait même dire, plus généralement encore, qu'il n'y a rien dans l'esprit qui n'ait été auparavant dans les sens, excepté l'esprit lui-même, sensibilité y compris.

  • A PRIORI - TRANSCENDANTAL : est a priori ce qui précède l'expérience. Terme opposé : a postériori. Kant qualifie de transcendantal tout élément a priori rendant possible l'expérience − qu'un tel élément prenne sa source dans la sensibilité (comme l'espace) ou dans l'entendement (par l'intermédiaire des "schèmes" de l'entendement : substance, causalité,...).
Medias

Video conférence
Université de tous les savoirs / Canal U, 2001 - format
Illusions perceptives et perception de la forme  visionner ( ADSL recommandé ) . . . 85'00"
en compagnie de Jean Maurice MONNOYER
Source : Centre de ressources et d'informations sur les multimédias pour l'enseignement supérieur (CERIMES)
URL : http://www.canalu.fr/canalu/producteurs/universite_de_tous_les_savoirs/...


Encyclopédie
     WIKIPEDIA


Voir l'article sur la perception (7 Ko) copié de 
Liens => La conscience & l'inconscient - Le sujet - La matière et l'esprit

=>

Théorie & expérience - La raison et le réel
=> L'interprétation - La vérité





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