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l´ analyse critique
du sujet
- analyse II -

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 l´ analyse critique du sujet - analyse II -

édition originale 26-05-2003
actualisée le 08-05-2006

L'analyse littérale
      (analyse I)

Les sujets ouverts
      (analyse III)

Analyser le sujet, c'est prendre une sage précaution... Ce premier pas est en effet essentiel pour comprendre le sujet, bien sûr. Mais nous verrons que l'analyse du sujet est également indispensable pour découvrir le problème (donc pour l'introduction), et même pour avoir une première idée de la solution du problème (donc pour la conclusion) ! Il faut donc s'y appliquer très attentivement.
Si vous ne l'avez pas déjà fait, nous vous recommandons de consulter les conseils donnés pour l'analyse littérale du sujet. Cependant, une dissertation doit être un travail critique. Or il n'est pas certain que l'analyse littérale du sujet soit suffisante de ce point de vue. Une analyse critique de ses présupposés et de ses enjeux est donc nécessaire. C'est ce que nous nous proposons d'examiner ici en votre compagnie...

Les présupposés de la question


Supposons qu'on nous demande : " Alors, ce soir, on va au cinéma ou au théâtre ? "

Peut-être opterons-nous pour l'une des deux propositions... Mais peut-être aussi aurons-nous tout simplement envie de rester bien tranquillement à la maison ! Nous répondrons donc quelque chose comme : " Ni l'un ni l'autre. Je veux rester ici... " Le "piège" n'aura donc pas fonctionné, parce que nous aurons refusé le présupposé majeur de la question. Celle-ci, en effet, présuppose que le choix est entre sortir pour aller voir un film, et sortir pour aller assister à une pièce de théâtre : dans les deux cas, il faut sortir ! L'alternative nous incitait donc à passer la soirée à l'extérieur, mais c'est justement ce que nous ne voulions pas. Et comme nous sommes malins, nous avons flairé le piège et l'avons évité !

Avez-vous un peu compris ce qu'est un présupposé ?

On pourrait définir le présupposé comme un énoncé supposé admis. Le présupposé, c'est donc ce qu'il faut admettre pour que la question se pose - ou pour que l'affirmation soit intelligible, car les affirmations, elles aussi, sont sous-tendues par des présupposés.

Exemple :

Nos désirs dérivent-ils de nos besoins ?
       X                   ( d )                       Y

Nous avons déjà pratiqué une première analyse de ce sujet. Mais quels en sont les présupposés ?

  1. Dans cet énoncé, on remarque la répétition du possessif : nos désirs... nos besoins. Pourrons-nous exploiter ce "détail" ? Oui, peut-être : car, d'une certaine façon, il me semble que le besoin est "extérieur" à moi : c'est sans doute "moi" qui décide d'aller manger, mais ce n'est pas moi qui "décide" d'avoir faim, et d'éprouver ainsi ce besoin de nourriture. En quelque sorte, je subis mon besoin, qui n'est donc pas vraiment "mon" fait... N'en est-il pas de même dans le cas du désir ? Je parle de mon désir, mais après tout, quand je tombe amoureux, je ne le fais pas "exprès" non plus : mon désir pour cette personne est né en moi, mais pas vraiment de moi. Dois-je donc vraiment parler de mon désir ? Nous disons d'ailleurs tomber amoureux : on ne fait pas exprès de tomber ! Il y a donc un désir en moi, comme il y a un besoin dans mon corps, mais est-ce vraiment mon désir et mon besoin ? Dans les deux cas, il semble que je n'y suis pour rien. Pourtant, le sujet semble présupposer que ce besoin et ce désir sont à moi, ou même viennent de moi. Qu'en est-il au juste ? Le besoin d'utiliser une voiture pour aller travailler, par exemple, est socialement déterminé : ce n'est pas moi qui le crée. Et mon désir d'acquérir ce modèle de voiture, n'est-il pas influencé par la publicité par mon orgueil ?... Dès lors, ce besoin est-il vraiment mon besoin, et ce désir est-il vraiment mon désir ?
     
  2. Ce sujet présuppose aussi que nos désirs ont une origine. Il semble nous demander si nos désirs dérivent de nos besoins... ou bien d'autre chose : cela ne revient-il pas à admettre que nos désirs dépendent toujours de quelque chose qui leur est extérieur, et n'ont donc pas d'autonomie ? Ce présupposé rejoint donc en quelque façon celui que nous avons déjà évoqué.
     
  3. Enfin, on semble présupposer aussi que tous nos désirs sont à considérer sur le même plan : or, est-ce tout à fait la même chose de désirer boire un verre d'eau quand on a soif, et de désirer la renommée ? Peut-on légitimement mettre sur le même plan la soif d'eau et la soif de gloire ? On pourrait d'ailleurs en dire autant de nos besoins : le "besoin d'être aimé" est-il à mettre sur le même plan que le "besoin de manger" ? Tous nos besoins appartiennent-ils au même registre ?

La découverte des présupposés est importante pour deux raisons :

  • D'abord parce que les présupposés sont le plus souvent admis inconsciemment. Par suite, rien ne nous oblige à les accepter, d'autant qu'ils peuvent être infondés : ainsi, dans notre petite illustration ci-dessus ( " cinéma ou théâtre ? " ) nous avons vu qu'il était possible de refuser ce que présupposait la question ( = sortir ce soir ).
  • Ensuite, parce que l'identification des présupposés permet de "questionner la question" pour entrevoir ses enjeux. C'est ce que nous allons détailler maintenant.

Les enjeux de la question


Reprenons notre petite illustration : " On va au cinéma ou au théâtre ? " Et supposons que notre réponse soit : " Au cinéma. " Nous avons peut-être répondu un peu au hasard, mais il est bien plus probable que nous avons "une bonne raison" d'avoir répondu ainsi. Par exemple : parce qu'un bon film est diffusé ce soir au cinéma. Ou bien : parce que nous aimons les salles obscures, en général. Ou encore : parce que nous n'allons jamais au théâtre (c'est trop cher, ou bien ce n'est pas dans nos habitudes sociales, etc.). Mais bien entendu, nous aurions pu répondre autre chose : " Au théâtre. ", et même, comme on l'a vu : " Ni l'un ni l'autre. On reste ici ! " L'important est que notre "préférence" n'est pas vraiment due au hasard. Ainsi, si nous préférons ne pas sortir, c'est sans doute parce que nous sommes fatigués, ou encore parce que nous ne voyons, dans les programmes de la ville, aucun film ou aucune pièce qui "mérite" notre déplacement. Ou encore parce qu'il y a un bon film à la télévision. Etc.

L'enjeu, vous l'avez déjà compris, sans doute, c'est donc ce qui est en jeu, c'est-à-dire ce que l'on peut gagner ou perdre en apportant telle ou telle réponse à la question, en adoptant telle ou telle attitude face au problème.

Toute question philosophique, c.-à-d. tout sujet de philosophie, comporte ainsi un enjeu.

Il peut être d'ordre théorique = c'est alors ce qu'il y a à gagner ou à perdre à penser ceci plutôt que cela. On se place alors au point de vue de la qualité de la pensée, de la connaissance, et l'enjeu est alors la vérité.

Il peut aussi être d'ordre pratique = c'est alors ce qu'il y a à gagner ou à perdre en agissant ainsi plutôt qu'autrement. On se place alors au point de vue de la qualité de l'action, et l'enjeu est alors un certain bien de ce point de vue : la liberté, le bonheur, la justice ...

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