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Courrier PHILIA

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COURRIER


 

Dans l'introduction ou dans le développement ?...
02/01/2004

De Kartapus (ce nom me dit quelque chose...) : "Bonjour et bravo pour votre site vraiment très fonctionnel. J'ai une dissertation de philosophie à faire pour la rentrée. Ne vous inquiétez pas, je ne vais pas vous demander de m'aider, même si cela m'aurait bien tenté... Simplement, une question méthodologique me gêne : dois-je définir les concepts, les présupposés, les paradoxes, les problématiques... dans l'introduction ou dans le développement ? Et si c'est dans le développement, où ?? Merci d'avance."

=> 03/01/2004 : Chère Kartapus, je vous soupçonne de vous appeler Amandine. Si tel est bien votre prénom, je suis contraint de vous rappeler, publiquement, que vous ne m'avez toujours pas adressé votre carte bleue... D'autre part, comme vous pouvez le constater, j'ai corrigé les fautes d'haurtograffe qui hantait votre message. Vous penserez, s'il vous plaît, à votre correcteur préféré et ferez donc un effort quand vous composerez votre dissertation, "à faire pour la rentrée" (euh, c'est quand, déjà, la rentrée ?).

En ce qui concerne votre question : je vous remercie de me l'avoir posée. Au revoir.

Je plaisante, bien sûr. Mais tout de même, vous avez raison de poser cette question : Philia n'est pas vraiment clair là-dessus. En fait, comme indiqué dans les pages évoquant l'analyse du sujet, il ne faut pas se précipiter sur une réponse, ni, d'ailleurs, sur un plan du genre thèse / antithèse (... / foutaise !). Il faut penser. C'est ambitieux. Mais si on perd de vue qu'il faut penser, on récite, ou on opine. Et cela ne va pas. Vous êtes bien d'accord, n'est-ce pas ? Donc, il faut penser. Mais comment ? D'abord en analysant attentivement le sujet, c'est-à-dire sa forme, les concepts et les relations conceptuelles qu'il met en jeu : c'est l'analyse littérale du sujet. En principe, cela suffit pour découvrir le problème, et donc pour produire l'introduction.
Mais, en quelque sorte "tant qu'on y est", c'est-à-dire avant de chercher "une solution" (pour la conclusion), avant aussi de rechercher "un plan" (pour le développement), donc dans la foulée, je vous conseille de tâcher d'identifier les présupposés et les enjeux de la question : c'est l'analyse critique du sujet.

Votre question est précisément de savoir ce qu'il faut faire de ces matériaux. Eh bien, là encore, il faut penser. Il n'y a pas de réponse toute faite. Toutefois, il y a un principe simple : puisqu'elle doit présenter (=introduire) la question, l'introduction ne doit pas conclure, et même ne pas doit pas dévoiler le sens profond des notions interrogées : en quelque sorte, dans l'introduction, il faut rester, autant que possible, "naïf". Autant que possible, c'est-à-dire pour autant qu'il n'est pas vraiment nécessaire d'évoquer les présupposés du sujet pour parvenir au problème. Considérez l'un des sujets pris en exemple : Nos désirs dérivent-ils de nos besoins ? Dans l'introduction, il NE faut PAS définir précisément le désir et le besoin (...autant faire tout le devoir dès le début du devoir !). Il faut simplement présenter ce qui met immédiatement en relation ces deux notions pour une pensée naïve. Par exemple, on dira que désir et besoin manifestent tous deux un manque, même si le besoin paraît plus "primitif" => on a ainsi un indice pour penser que le désir est une sorte de besoin dérivé (=thèse A). Voilà qui est fait... POURTANT, le désir paraît insatiable, ce qui n'est pas le cas du besoin (si j'ai besoin de manger, je mange, et je n'ai plus faim...) => on a alors un indice pour penser que le désir est d'une autre nature que le besoin, et donc qu'il n'en dérive pas (=thèse B). Quelle est la bonne thèse ? La A ou la B ? Les deux paraissent vraies... Mais ce n'est pas possible, puisqu'elles se contredisent ! Vous voyez, chère Kartapus, qu'il est inutile de jouer au plus fin dans l'introduction : il suffit de formuler une alternative embarrassante. Mais justement, parce qu'elle est embarrassante, elle demande des développements : dans la suite du devoir, on tâchera donc d'examiner ces deux notions de désir et de besoin, et de les "définir" de mieux en mieux. Pour plus de détails, lisez ou relisez les conseils pour analyser le sujet, sans perdre de vue que le but premier (pas le seul but, donc, mais le premier), est d'arriver à formuler exactement ce qui fait problème.

C'est dans un deuxième temps, seulement, que vous devrez définir vraiment les notions. Pour comprendre cela, je vous conseille la lecture de la page intitulée "le travail de la pensée dans le développement".

En résumé, il y a donc deux niveaux d'approche du sujet, et donc aussi des notions présentes dans le sujet :

  1. Le niveau "naïf", mais tout de même intelligent, puisqu'il montre que vous êtes capable d'identifier un problème : c'est le niveau de l'introduction.

  2. Et le niveau "approfondi", qui correspond au développement.

Dans l'introduction, il faut donc se contenter de définitions simples, minimales. Dans le développement, il faut, au contraire, exercer son esprit critique, afin de faire progresser ces premières définitions. Pour cela, il faut examiner, exemplifier, argumenter, discuter... Et le mieux, pour comprendre ce qu'il convient de faire, est encore (et toujours) de lire (et de relire) les philosophes.

Vous trouverez ici un exemple de cheminement schématique pour le sujet : Etre libre, est-ce faire ce que l'on désire ?... Ce n'est pas votre sujet, au moins ?

Quoi qu'il en soit, et en espérant vous avoir un peu dépanné, je vous adresse, chère Kartapus, tous mes voeux de bonheur et de réussite pour cette nouvelle année !


-: Amitiés :- P h i l i a.

Référence du message : ID 012






            


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