Chargement en cours . . . 
page précédente...
dossiers, lexiques, textes, ...
la dissertation, le commentaire...
mises à jour, projets...
moteurs de recherche...
Philia [accueil]
TEXTE

télécharger / imprimer la page...

la copie de
MARX

lire une notice sur cet auteur...
économie - économie politique - science - idéologie - morale - ascétisme - appauvrissement - exploitation - aliénation - travail - production - consommation - possession - argent - richesse - capital - profit - besoin - luxe - plaisir - activité -
  Mots clés :
Moteur actif Cléphi  
Sujet :

De quelle manière l'augmentation des besoins et des moyens de les satisfaire engendre-t-elle l'absence de besoins et de moyens ? L'économiste [...] le prouve ainsi : 1º il réduit le besoin de l'ouvrier à l'entretien le plus indispensable et le plus misérable de la vie physique et son activité au mouvement mécanique le plus abstrait, et dit en conséquence que l'homme n'a pas d'autre besoin ni d'activité, ni de jouissance car même cette vie-là, il la proclame vie et existence humaines ; 2º il calcule la vie (l'existence) la plus indigente possible comme norme et, qui plus est, comme norme universelle : universelle parce que valable pour la masse des hommes ; il fait de l'ouvrier un être privé de sens et de besoins, comme il fait de son activité une pure abstraction de toute activité ; tout luxe de l'ouvrier lui apparaît donc condamnable et tout ce qui dépasse le besoin le plus abstrait − fût-ce comme jouissance passive ou manifestation d'activité − lui semble un luxe. L'économie politique, cette science de la richesse, est donc en même temps la science du renoncement, des privations, de l'épargne, et elle en arrive réellement à épargner à l'homme même le besoin d'air pur ou de mouvement physique. Cette science de la merveilleuse industrie est aussi la science de l'ascétisme et son véritable idéal est l'avare ascétique, mais usurier, et l'esclave ascétique, mais producteur. Son idéal moral est l'ouvrier qui porte à la Caisse d'Épargne une partie de son salaire et, pour cette lubie favorite qui est la sienne, elle a même trouvé un art servile. On a porté cela avec beaucoup de sentiment au théâtre. Elle est donc − malgré son aspect profane et voluptueux − une science morale réelle, la plus morale des sciences. Le renoncement à soi-même, le renoncement à la vie et à tous les besoins humains est sa thèse principale. Moins tu manges, tu bois, tu achètes des livres, moins tu vas au théâtre, au bal, au cabaret, moins tu penses, tu aimes, tu fais de la théorie, moins tu chantes, tu parles, tu fais de l'escrime, etc., plus tu épargnes, plus tu augmentes ton trésor que ne mangeront ni les mites ni la poussière, ton capital. Moins tu es, moins tu manifestes ta vie, plus tu possèdes, plus ta vie aliénée grandit, plus tu accumules de ton être aliéné. Tout ce que l'économiste te prend de vie et d'humanité, il te le remplace en argent et en richesse et tout ce que tu ne peux pas, ton argent le peut : il peut manger, boire, aller au bal, au théâtre ; il connaît l'art, l'érudition, les curiosités historiques, la puissance politique ; il peut voyager ; il peut t'attribuer tout cela ; il peut acheter tout cela ; il est la vraie capacité. Mais lui qui est tout cela, il n'a d'autre possibilité que de se créer lui-même, de s'acheter lui-même, car tout le reste est son valet et si je possède l'homme, je possède aussi le valet et je n'ai pas besoin de son valet. Toutes les passions et toute activité doivent donc sombrer dans la soif de richesse. L'ouvrier doit avoir juste assez pour vouloir vivre et ne doit vouloir vivre que pour posséder.

MARX
Manuscrits de 1844, 3e manuscrit



Moteur actif : Cléphi

changer le moteur =>  Cléphi  | Zoom | X-Recherche | aide

 remonter