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 autrui

édition originale 04-08-2003
actualisée le 13-12-2008

Notion

Cette notion implique nécessairement contradiction. En effet, autrui désigne toute autre personne que moi. Mais je suis moi aussi, comme lui, une personne. Autrui est donc à la fois différent de moi (= un autre que moi) et semblable à moi (= un autre moi). Il est un autre moi en effet, et en ce sens il est mon semblable. Autrui me décentre donc de moi-même par sa radicale différence, mais inévitablement aussi il me renvoie à moi-même, à mon identité, à ce que je suis : autrui, le même et l'autre à la fois !

Etymologie Autrui dérive du latin alterui, datif populaire de alter (=> altérer), adjectif et pronom latin signifiant "autre", lui-même apparenté à alius (=>alias, alibi, aliéné). Le grec disait hateros ou heteros (=> hétérosexuel). Alter signifie "autre" en parlant de deux (sinon : alius).

A noter : le mot français autrui est un pronom. En principe, on ne dit donc pas "l'autrui", mais simplement "autrui".

Distinctions Autrui est un autre (que) moi, un tu. Il ne faut le confondre ni avec "les autres", ni avec la société.

Autrui - Les autres
  1. On peut être tenté de penser qu'autrui ce sont "les autres", de façon indifférenciée. Il est vrai qu'autrui est tout autre, l'autre quel qu'il soit : mon ami ou mon ennemi, mon père ou mon enfant, l'un de mes proches ou un étranger...
  2. Mais il est sans doute abusif de dire qu'il est tous ceux-là à la fois : autrui est une personne, un autre, et non pas tous les autres indistinctement.

Autrui - La société
  1. On peut, de même, être tenté de confondre autrui avec la société tout entière...
  2. Mais je fais moi aussi partie de "la société"... Or je ne suis pas autrui ! Autrui et moi formons société... autrui et moi parmi d'autres. Ne confondons pas relation interpersonnelle et phénomène de groupe.

Problèmes La contradiction contenue dans la définition suggère déjà le caractère intrinsèquement problématique d'autrui puisqu'il est un "non-moi" qui est aussi un "moi".

Ainsi, l'existence d'autrui peut sembler aussi problématique qu'évidente :
  1. En un sens, en effet, autrui a toujours été là. Il est une donnée originaire, sans laquelle, je dois bien le reconnaître, je ne suis rien. Je suis hanté par l'existence d'autrui, au point qu'il est là encore, en quelque sorte, en creux, lorsque je suis seul. Le petit enfant prend en effet conscience conjointement de sa propre existence et de celle de sa mère. Se découvrir soi-même comme existence subjective personnelle, c'est immédiatement découvrir les limites du moi, donc l'existence du non-moi, l'existence d'autrui : le moi n'existe que par l'autre moi, et l'intersubjectivité paraît bien être la clé de l'existence subjective...
  2. Pourtant, dans mon for intérieur, je ne trouve que moi-même. Et d'ailleurs, il me semble que je ne suis pas tout à fait moi-même lorsque je ne suis pas seul : le regard d'autrui me modifie, au point même de m'imposer "ma" conduite. Le moi se perd, pour ainsi dire, dans "l'être-en-commun". C'est donc que j'existe indépendamment d'autrui, et d'autant plus que je suis seul. Ne suis-je pas, en effet, davantage moi-même dans la solitude ? Autrui m'est-il donc si indispensable ? Ai-de vraiment besoin de lui pour être moi-même ?
Pourquoi en effet la connaissance de soi requerrait-elle autrui ? Et comment, d'ailleurs, la connaissance d'autrui est-elle possible ?
  1. Puis-je être objectif en m'observant moi-même ? Selon Aristote, c'est impossible : "Nous ne pouvons pas nous contempler nous-mêmes à partir de nous-mêmes : ce qui le prouve, ce sont les reproches que nous adressons à d'autres, sans nous rendre compte que nous commettons les mêmes erreurs, aveuglés que nous sommes, pour beaucoup d'entre nous, par l'indulgence et la passion qui nous empêchent de juger correctement". Ainsi, ce serait bien plutôt la connaissance de soi qui serait indirecte : autrui, s'il est suffisamment "proche", me voit (= voit mon corps) et me connaît (= connaît mon âme) mieux que je ne puis me voir et me connaître...
  2. Mais comment peut-il prétendre qu'il me connaît mieux que moi-même ? Ma première certitude est d'exister, et plus précisément d'exister comme "moi", comme sujet pensant. Cette certitude est, sinon primitive, du moins première, c'est-à-dire fondatrice, puisque je suis "auprès de moi-même". En ce sens, ne suis-je pas "le mieux placé" pour connaître mes goûts, pour savoir ce que je pense, donc pour me connaître ? Par comparaison, la connaissance qu'autrui peut avoir de ma vie intérieure ne peut être qu'indirecte : la pensée désigne en effet "tout ce qui se fait en nous de telle sorte que nous l'apercevons immédiatement par nous-mêmes" (Descartes, Les Principes de la Philosophie, I, §. 9 - nous soulignons). La vie intérieure (= la pensée, ou conscience) est ce que j'aperçois, moi, de façon immédiate. Autrui n'y peut avoir accès que de façon dérivée : la connaissance d'autrui, toujours analogique, est nécessairement conjecturale, c'est-à-dire très incertaine.
Mais la coexistence des consciences pose un problème plus radical et plus urgent encore : celui de la vie en commun et de la reconnaissance réciproque des consciences. Limiter en effet la réflexion à la question de la connaissance (de soi / d'autrui), c'est supposer que la relation moi / autrui est une relation bi-univoque : (1) je te connais (plus ou moins bien), et (1) tu me connais (de même plus ou moins bien). Mais c'est alors parler du sujet (de toi dans le premier cas, de moi dans le second) comme d'un objet : la question est alors de savoir si cette connaissance est fidèle ou non à son objet, c'est-à-dire quel degré de confiance nous pouvons lui accorder, ou encore, si elle est vraie. Mais les relations entre les personnes ne sont pas d'abord des relations impliquant ainsi la vérité : j'ai d'abord à vivre avec l'autre, et cette relation vivante implique nécessairement la réciprocité. Mais cette réciprocité, en quoi consiste-t-elle, qu'implique-t-elle, et dans quelle mesure est-elle accessible ?
  1. Chacun revendique d'être reconnu comme sujet par un autre sujet. Mais que signifie "être sujet" pour un autre sujet ? Si le sujet est l'être pour soi, un être ayant une existence à ses propres yeux, rien ne semble imposer ni même indiquer qu'il est sujet aussi sous le regard des autres. Chacun revendique donc d'être reconnu par un autre sujet, qui a toujours le pouvoir de lui refuser cette reconnaissance. Même le plus fort n'est jamais assez fort pour imposer cette reconnaissance : "aimez-moi" est une phrase absurde, parce qu'elle rencontre toujours la limite constituée par la personne d'autrui, c'est-à-dire par la liberté incarnée par l'existence d'autrui. Et le problème est d'autant plus aigu que la reconnaissance doit être réciproque : les personnes ont à se reconnaître comme personnes, à égalité. Comment cette égalité est-elle réalisable ?
  2. Pourtant, cette reconnaissance est la condition du respect mutuel, et le respect est la condition de toute vie morale. Dès lors, la question est de savoir ce qui fonde la morale : le sentiment ? Mais le sentiment est contingent, variable : comment compter sur lui ? La raison ? Mais la raison n'implique-t-elle pas un calcul incompatible avec la morale (donnant donnant) ? Si je respecte autrui parce que je dois le respecter, est-ce encore du respect ?
     
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