=> 12/06/2011 : Bonjour Yudji, et merci de votre appréciation. Un petit reproche, toutefois : vous omettez de m'indiquez votre adresse. Du coup, j'ignore tout à fait où je dois envoyer la facture pour me faire payer ma réponse... Mais peut-être est-ce intentionnel ? Je peux le comprendre, mais alors il y a une autre solution : il vous suffit de m'envoyer votre Carte Bleue — bien sûr sans oublier de me confier le code secret. Je vous la renverrai dans moins d'un mois. Promis :-)

Mais venons-en à votre souci. Il n'est manifestement exprimé en termes de « techniques », mais plutôt dans des termes qui sont assez généraux, et même un peu vagues, comme vous le reconnaissez vous-même vers la fin de votre message. Peut-être faudrait-il alors « techniciser » un peu votre interrogation. Je m'explique : il n'y a pas de "truc" ou de "recette" pour faire une dissertation, et encore moins pour parvenir à une bonne dissertation, néanmoins il est possible d'énoncer des exigences, et donc de déterminer des techniques pour satisfaire à ces exigences. Par exemple, une dissertation correcte (note > 10) comprend vraiment le sujet, et « l'épisode » qui le révèle le mieux, c'est... vous avez deviné : l'introduction. Dès l'introduction, en effet, votre correcteur doit pouvoir saisir comment vous avez compris le sujet. Donc la bonne question à se poser devient : comment comprendre un sujet de dissertation en philosophie, ce qui renvoie à des démarches de méthode, et, par suite, à des techniques possibles d'analyse, de comparaison, etc. Tout cela est merveilleusement bien expliqué dans ce site, en long en large et parfois même en travers (...mais jamais de travers !).

Vous souhaitez tout de même un peu plus de détails ici même ? Bon, d'accord (puisque c'est vous), mais alors très rapidement, pour les sujets de dissertation (sujets I et II proposé à l'examen) :

En premier lieu, gardez à l'esprit que comprendre le sujet, le comprendre vraiment, c'est comprendre le problème dont il n'est que l'expression partielle et incomplète. Comprendre le sujet revient donc à saisir le problème. On a dû déjà vous le dire, et vous le redire. Donc (vous avez deviné) : qu'est-ce qu'un problème philosophique ? Rapidement dit, c'est une difficulté, mais une difficulté d'un genre un peu particulier. Souvent, un problème est une sorte d'impasse : on ne sait pas comment s'en sortir, comment s'y prendre, comment y arriver. Pensez par exemple au problème de l'automobiliste qui n'arrive pas à trouver une place pour se garer. En philosophie, on pourrait dire qu'un problème est une double impasse. Ainsi, typiquement — ce qui se voit particulièrement bien lorsque le sujet est une question fermée (à réponse OUI ou NON) — un début de réflexion fait apparaître qu'aucune des réponses n'est vraiment satisfaisante (satisfaisante = vraie, ou moralement acceptable...). Et bien sûr, dans ces conditions, on ne sait plus quoi penser. On est alors dans un état particulier, proche parent de l'étonnement des anciens grecs, et qui s'appelle l'embarras : le plus souvent, il y a problème, philosophiquement, lorsqu'il y a embarras du choix. La réponse A semble vraie, mais la B aussi... Or A et B s'excluent mutuellement. => Comment s'en sortir ?

Une variante, pour que vous compreniez bien : les réponses A et B semblent toutes les deux fausses (ou moralement inacceptables...). Mais il ne semble pas exister une autre réponse possible (= C). => Quelle est donc la bonne réponse si aucune de celles auxquelles on peut penser ne semble bonne ?

Une petite comparaison, pour (encore) mieux comprendre : je vous le demande, dans quel état se trouve une ampoule électrique qui n'est ni allumée ni éteinte ? Ou encore, comment admettre qu'une ampoule électrique soit à la fois allumée et éteinte ? Comme on dit, il y a quelque chose qui cloche. C'est cela, un problème, un quelque chose qui cloche, "tout simplement" — si on peut dire.

Je n'irai pas plus loin, car ce sont des choses qui ont dû vous être dites, et qui se trouvent souvent expliquées, notamment sur internet, sur ce site comme sur de nombreux autres sites.

Une autre façon de vous répondre, « non technique », ou du moins non purement « technique », pourrait consister à vous rappeler quelques conseils généraux de base. Je pense notamment, à lire votre message, à la nécessité de vous souvenir qu'une dissertation doit faire appel à des connaissances (notamment celles que votre professeur de philosophie vous a transmises), mais qu'une bonne récitation d'un bon cours, ce n'est certainement pas encore une dissertation, c'est-à-dire une réflexion personnelle, suivie, progressive, parfois aventureuse, mais finalement toujours rigoureuse. En débitant un cours, ou en reproduisant de nombreuses citations, etc., on fait surtout obstacle à sa propre pensée. Donc, oui, il faut des connaissances, mais, non, il ne faut pas que des connaissances. C'est ce qui explique qu'il peut arriver qu'un élève astucieux, qui n'a pas vraiment travaillé dans l'année, obtienne une meilleure note qu'un élève plus studieux, qui a appris par coeur une foule d' « éléments » mais qui ne se les a pas bien appropriés, qui ne les a pas vraiment « digérés » — sans doute pas un 18 / 20, mais au moins un petit 10 ou un modeste 11. Les connaissances doivent être mobilisées quand il faut, mais pas n'importe quand, pas systématiquement (car systématiquement, cela revient à écrire tout ce qu'on sait sans se soucier de savoir si c'est adapté ou non).

N'hésitez pas à donner de vos nouvelles, et tâchez de ne pas trop vous inquiéter : tout se passera bien !

Avec mes...