Chargement en cours . . . 
COURRIER

 télécharger / imprimer la page...
page précédente...
dossiers, lexiques, textes, ...
la dissertation, le commentaire...
mises à jour, projets...
moteurs de recherche...
Philia [accueil]
   Mots clés :
Moteur actif Cléphi  
courrier - contacter - Philia -
Vous êtes ici :

 La messagerie de Philia
 COURRIER

édition originale 16-03-2003
actualisée le 12-05-2008

L'étude de l'histoire nous conduit-elle à désespérer de l'Homme ?...
07/03/2010

07/03/2010 : De Nour, cette demande faite dans l'urgence => « Bonjour ! Je vous écris car j'ai besoin d'aide, en espérant qu'avec beaucoup de chance vous serez à même de me répondre à temps, c'est-à-dire avant demain... Oui oui je sais, il est très tard, mais j'ai un excellent alibi : j'étais si occupée à lire Sartre et Zola durant les vacances que j'ai négligé un détail dans la rédaction de ma dissertation. Et je viens de me réveiller en réalisant que j'ai peut-être fait une grave erreur. Je vous explique : le sujet de ma dissertation est « L'étude de l'histoire nous conduit-elle à désespérer de l'homme ? ». Jusque là tout va bien. Sauf que dans la méthode de dissertation de mon professeur, il est précisé (en tout petit) qu'il ne faut pas plus de deux exemples et de 6 citations. Or, je ne vois pas comment il est possible de parler de l'histoire de l'Homme sans citer quelques uns des conflits qui peuvent nous en faire désespérer, et ils sont nombreux.

Cela donne quelque chose comme cela ci-dessous. Ce que je vous envoie n'est pas complet (il s'agit d'un brouillon), j'ai quelques références à des auteurs ou d'autres citations que je n'ai pas encore inclus, car c'est surtout savoir si je peux ou pas parler de tous ces conflits qui me préoccupe. Et si je ne peux pas, savoir comment faire ; cela voudrait -il dire que je dois m'en tenir à des généralités ? mais dans ce cas le devoir sera vide, non ? J'espère que vous comprendrez mon souci.

Depuis les débuts de la civilisation, l'homme a cherché à trouver son identité dans son histoire, afin de comprendre d'où il vient et de tirer des leçons du passé. En effet, chaque peuple a son histoire ; et l'étude de l'histoire de l'Humanité en général est complexe, d'autant plus qu'elle est très controversée. Car si par « histoire », on entend la connaissance du passé humain, cette connaissance ne peut jamais être exhaustive ni même parfaitement objective. En effet, l'étude de l'histoire est par définition subjective, puisque c'est à l'historien que revient la charge d'interpréter les documents qu'il trouve, les témoignages et tout ce qui constitue la base de son travail; l'historien doit reconstituer le passé en établissant une cohérence entre les événements. Par conséquent, l'étude de l'histoire est faite de choix de l'historien qui sont inévitables, malgré sa volonté de neutralité et d'objectivité. Cependant, en étudiant l'histoire, on ne peut s'empêcher de constater qu'elle est, de tout temps, parsemée de guerres, de conflits, d'atrocités toutes plus horribles les unes que les autres. L'histoire n'est-elle donc qu'une succession d'horreurs ? L'humanité a-t-elle toujours fait preuve de la même cruauté ? Ainsi, la connaissance de notre histoire peut-elle nous mener à une vision uniquement négative et pessimiste de l'homme ? Car, si l'histoire semble de prime abord montrer un échec permanent de l'humanité, doit-on pour autant perdre foi en l'homme, doit-on abandonner tout espoir de le voir évoluer vers un monde meilleur ? Ou l'étude de l'histoire peut-elle nous permettre, malgré tout, de garder l'espérance d'une amélioration de l'homme à venir ? En d'autres termes, l'étude de l'histoire nous conduit-elle à désespérer de l'Homme ? Dans une première partie, nous verrons si vraiment l'étude de l'histoire nous conduit à désespérer de l'homme. Dans une seconde partie, nous nous demanderons si pourtant l'on peut parler de progrès de l'homme dans l'histoire, et nous verrons si l'étude de l'histoire ne nous permet pas plutôt, et malgré tout, de garder foi en l'homme, d'espérer une évolution positive de l'être humain. Enfin, dans une dernière partie, nous nous demanderons si l'homme tire des leçons de son histoire.

L'étude de l'histoire est donc une discipline complexe et sujette à controverse. Elle se fait entres autres par un travail de recul, de réflexion, d'analyse et de comparaison de «faits» historiques. Elle consiste à établir des « ponts », en quelque sorte, entre les évènements. Cependant, hormis le travail des historiens, il y a plusieurs façons d'étudier l'histoire : on étudie bien sûr l'histoire à l'école, mais aussi en lisant, par les informations, les journaux... , tout en prenant de la distance par rapport à l'actualité que l'on vit (car qu'est-ce que l'actualité, sinon de l'histoire en devenir ?) et ce que l'on sait du passé. Ainsi, l'étude de l'histoire permet de se poser des questions concernant par exemple l'humanité ou la condition de l'homme. Cependant, au vu de nos connaissances de l'histoire, on est en droit de se demander si l'étude de l'histoire ne nous conduit pas à désespérer de l'homme. En effet, de nombreuses raisons peuvent nous amener à penser que l'homme est foncièrement mauvais, que l'espoir dans les qualités humaines supposées (bonté, générosité, intelligence...) n'est plus permis ; enfin, que l'espérance dans une évolution positive de l'humanité est vaine. Car au regard des évènements de l'histoire, l'homme n'a cessé de faire preuve de cruauté, de démagogie, ou encore de méchanceté. Cette cruauté se démontre très tôt dans l'histoire de l'Humanité. Tout d'abord, les guerres politiques, idéologiques, ou les guerres pour la conquête d'un territoire sont un exemple puissant de la tendance qu'à l'homme à la domination des autres peuples, de sa soif de pouvoir mais aussi de sa soif d'argent. Les guerres de religions, dans la seconde moitié du XVIe siècle en France, sont tristement célèbres de par leur longévité. Elles ont été à l'origine de persécutions systématiques et de divers massacres de populations d'une intensité considérable à l'époque; comment l'homme peut-il, au nom d'un Dieu qui ne prône le plus souvent que l'amour, la charité, la fraternité entre les hommes, mettre en oeuvre, en toute bonne conscience, l'extermination d'autres hommes ne partageant pas leur religion ? Cela montre la capacité qu'a l'homme de déformer, de pervertir les plus belles images, les plus sincères messages de paix. Que ne ferait-on pas au nom de Dieu... De même, le conflit Israëlo-Palestinien qui nous est contemporain peut être qualifié, sous certains aspects, de conflit religieux. Mais le fanatisme religieux ne s'arrête pas là : la preuve en est du développement de l'intégrisme dans notre société contemporaine, et de l'expansion du terrorisme (11 septembre 2001), qui incite à un climat de haine et de tension. A ces guerres de religions s'ajoutent les conflits politiques ou encore les guerres d'Indépendance qui sont courantes dans l'histoire de l'humanité. En effet, il semble que l'homme, dont l'intérêt est pourtant l'instauration d'une paix durable, ne soit pas capable de trouver un terrain d'entente, et qu'il soit prêt à sacrifier d'innocentes vies humaines au service de son ambition. Ainsi, la guerre de Cent Ans au XIV°siècle, la guerre de Sécession au XIX°, la première guerre mondiale au début du XX° siècle, sont autant de conflits meurtriers qui rivalisent d'horreurs. Durant la guerre d'Algérie, en 1954, comme durant de nombreux autres conflits, les droits de l'Homme ont été bafoués, à commencer par l'usage de la torture. De l'esclavage aux dictatures, pendant des siècles, des hommes ont exploités d'autres hommes, des peuples entiers ont été soumis à une répression sévère et à des régimes totalitaires. La démagogie de l'homme est-elle sans limite ? L'URSS de Staline est sans conteste un exemple des conséquences désastreuses d'un tel totalitarisme, mais encore l'Argentine de Vidella, le Nicaragua de Somoza, le Chili de Pinochet dans les années 60-70 ; de telles dictatures multiplient les morts, les exécutions publiques, les arrestations arbitraires et les «disparus» ; le recours à la torture est fréquent. On peut citer aussi la révolution culturelle de Mao de 1966, ou encore la dictature de Saddam Hussein en 1979. La liste est infinie...

Cependant, si les guerres et les dictatures ont marquées notre histoire, les atteintes aux droits de l'homme n'ont sans doute jamais été autant bafoués que lors des génocides. L'un des plus mémorables est peut-être l'extermination des Indiens d'Amérique par les Conquistadores durant la conquête du Nouveau Monde, ou encore celui ayant eu lieu en Amérique du Nord au XIX°siècle. En effet, l'épopée des États-Unis que relate les westerns est basée sur le génocide des Indiens par les colons. L'extermination des Indiens d'Amérique est donc une page de l'histoire sanglante qui démontre une nouvelle fois jusqu'où l'homme est capable d'aller. Mais le génocide qui est, à l'heure actuelle, le plus ancré dans les esprits, de par son ampleur et son inhumanité, est sans nul doute la Shoah durant la seconde guerre mondiale. En effet, un tel crime contre l'humanité a repoussé les limites de l'horreur; l'inhumanité, la dureté des traitements que subirent les hommes dans les camps de concentration et d'extermination en font l'un des plus grands génocides commis au cours de l'histoire. L'extermination des Juifs durant la Seconde Guerre Mondiale se distingue par son caractère industriel, bureaucratique et systématique qui la rend unique dans l'histoire de l'humanité. Un exemple plus récent de génocide est celui du Rwanda en 1994, presque démenti et passé sous silence, où la France n'et intervenue que bien trOp tard.

Ceci est un extrait, mais j'espère que ça montre mieux le souci dont je vous parle. J'ai l'impression de rédiger plus un article de journal ou je ne sais quoi qu'une dissertation. Et ça me semble aussi aventureux car peu objectif, même si j'ai fait de mon mieux pour l'être.

J'espère que vous pourrez me répondre à temps (disons que vous êtes une sorte de Père Noël philosophique). Quoi qu'il en soit, je vous remercie beaucoup ! »

=> 07/03/10 : Moi, quand j'étais enfant (il y a quelques semaines et même quelques mois de cela), je m'y prenais très tôt pour écrire au Père Noël — de peur qu'il ne m'apporte rien, ou bien que ses cadeaux ne correspondent pas à ce que je désirais. Il faut croire que les temps ont changé :-\

Mais trève de plaisanterie, allons au fait rapidement puisque le temps nous est compté :

A) Concernant votre introduction, deux défauts seraient à corriger :

  1. Les 5 premières phrases qui l'inaugurent semblent diriger l'attention sur une tout autre question : l'histoire peut-elle éviter d'être subjective ? Ce n'est manifestement pas le sujet, et, de toute façon, on voit mal comment cette évocation de la complexité du travail de l'historien peut conduire au sujet (et ce qui tend à le confirmer, c'est qu'on ne comprend pas votre "Cependant" vers la 10e ligne).

  2. Vous suggérez bien un indice pour la thèse selon laquelle il y a lieu de désespérer de l'homme quand on prend connaissance des atrocités commises par le passé. En revanche, aucun indice ne vient au secours de la thèse adverse selon laquelle il faudrait penser l'histoire humaine comme la trame d'un progrès. Du coup, vous formulez bien une alternative, mais vous ne montrez pas suffisamment qu'elle est problématique.

En résumé : il y a quelque chose de trop (au tout début), et quelque chose qui manque (vers la toute fin).

B) Concernant l'usage ou l'abus des exemples, vous indiquez vous-même que « dans la méthode de dissertation de mon professeur, il est précisé (en tout petit) qu'il ne faut pas plus de deux exemples ». Si c'est "en tout petit", c'est probablement que ce n'est pas un conseil majeur, ne croyez-vous pas ? Ce que veut vous dire votre professeur, très probablement, c'est qu'une dissertation ne peut se réduire à une ou plusieurs séries d'exemples, qu'il faut donc en choisir quelques uns, mais qu'il ne faut pas s'en tenir aux exemples, car les exemples ne prouvent rien. Lorsque Hippias répond à Socrate, qui cherche à savoir ce qu'est la beauté : « la beauté, c'est une belle jeune fille », il prête évidemment à sourire. Comme lui rétorque Socrate, on aurait tout aussi bien pu dire que la beauté c'est « une belle marmite », ou n'importe quoi d'autre que l'on puisse juger beau, mais citer de beaux objets, ce n'est pas définir la beauté (voir le texte ici). De même, ici, se cantonner à évoquer le récit historique d'atrocités commises par le passé, ce n'est pas encore traiter le sujet. Il faudrait "creuser" votre première partie en évoquant les raisons de penser que l'homme est foncièrement mauvais, ou bien que le spectacle de l'histoire laisse à penser qu'elle n'a pas de sens, et ne consiste qu'en une suite désordonnée d'actions et de réactions, ce qui, dans un cas comme dans l'autre pourrait nous incliner à désespérer de l'homme.

Au plaisir de vous lire,


-: Amitiés :- P h i l i a.

Référence du message : ID 131

 messages et formulaire...
 précédent... |      Lire      |  suivant...
| Intervenir |
 intervenir...



Moteur actif : Cléphi

changer le moteur =>  Cléphi  | Zoom | X-Recherche | aide

 remonter



            


 - Contrat Creative Commons (certains droits réservés) -



- Encyclopédie -