=> 29/06/05 :

Bonjour appletree. Comme je vous l'ai dit, je ne suis pas du tout spécialiste, ni même vraiment familier, de la philosophie analytique. Juste quelques pistes donc :

1. Cette notion de fait négatif apparaît en effet chez Wittgenstein, dans le 2.06 du Tractatus logico-philosophicus (Gallimard éd., collection folio) :
   
   "2.06 : La subsistance des états de choses et leur non-subsistance est la réalité. (La subsistance des états de choses et leur non-subsistance, nous les nommerons respectivement aussi fait positif et fait négatif)."
   
   Concernant la définition des "états de choses", voir le début du Tractatus :
   
   1 : Le monde est tout ce qui a lieu.
   1.1 : Le monde est la totalité des faits.
   2.021 : Les objets constituent la substance du monde. C'est pourquoi ils ne peuvent être composés.
   2 : Ce qui a lieu, le fait, est la subsistance des états de choses.
   2.01 : L'état de choses est une connexion d'objets (entités, choses).
   
   
2. Comme vous l'indiquez, la philosophie analytique, qui s'est développée essentiellement dans les pays anglo-saxons (Grande Bretagne, Etats-Unis...) - et qui "débarque" maintenant sur notre bon vieux continent, procède à une analyse de la vérité des énoncés. Elle engage donc une réflexion sur le langage - et, conjointement, sur la logique - dans sa relation avec le "monde". En l'occurrence, si je comprends bien, la question qui conduit à cette notion problématique de fait négatif est de déterminer si tous les énoncés ont une valeur de vérité : <VRAI> ou <FAUX>.
   
   En d'autres termes, il s'agit de savoir si la phrase : "Tous les énoncés sont ou bien vrais ou bien faux", est elle-même un énoncé vrai. Si j'écris par exemple : "En ce moment, vous ne lisez pas cette phrase", vous serez certainement d'accord pour admettre que l'énoncé est <FAUX>. Evidemment, la valeur de l'énoncé "En ce moment, vous êtes en train de consulter cette page de Philia, soit sur votre écran, soit sur un papier, après l'avoir imprimée" est <VRAI>...
   
   ...Mais que faut-il penser de la phrase : "L'actuel roi de France est chauve" ? Vous êtes sans doute d'abord tentée de dire que - comme le premier énoncé ci-dessus - sa valeur de vérité est <FAUX>... Mais c'est discutable (...it's very British !) : en effet, il n'y a pas de roi de France - du moins en 2005. Donc cette phrase n'est même pas fausse (ni vraie, bien sûr !) : elle est insensée. It's a nonsense. Bien entendu (?), je ne vous indique là que le début de la polémique logico-philosophique sur la notion de fait négatif... Pour en savoir plus, voyez par exemple ce petit "quatre pages" en PDF sur la calvitie du roi de France (évoquant Austin, Searle, Frege, Russell,...) ou bien cliquez sur la phrase insensée (ou fausse ?) qui l'évoque - à moins que vous ne préfériez the same in English : "The present king of France is bald". Vous obtiendrez plus de 600 résultats, mais attention, car la sentence : "The king of France is bald", sans la précision adjectivale, donne plus de 10.000 résultats avec Google !
   
   
3. Voici pour finir la petite bibliographie qui m'a été conseillée il y a peu concernant la philosophie de l'esprit (avec une minuscule), qui est liée à la philosophie analytique :
   
   - Michael Esfeld, La philosophie de l'esprit. De la relation entre l'esprit et la nature, chez Armand Colin, 2005 (on me le signale comme une initiation simple - voire simplificatrice aux yeux des "spécialistes" - mais tout de même comme une bonne introduction pour les "novices"),
   
   - P. Engel, Introduction à la philosophie de l'esprit, La découverte éd., 1994 (plus difficile et plus technique mais surmontable),
   
   - P.Churchland, Matière et conscience, Champ Vallon éd., 1999 (facile, mais semble-t-il assez "tendancieux").
   
   - Sous la dir. de D.Andler, Introduction aux sciences cognitives, Gallimard éd., coll. folio, 1992 (chapitres réalisés par des auteurs différents, chacun sur un sujet. Pour approfondir : sans doute une somme, mais certains articles sont inabordables pour un "novice"...),
   
   - Philosophie de l'esprit, textes réunis par D. Fisette et P. Poirier, éd. Vrin 2002 (une introduction suivie de textes de W. Sellard, P. Churchland, C. Hempel, Quine, Davidson, Putnam, Lewis et Fodor, l'ensemble devant permettre de toucher du doigt les 'classiques' sur ce sujet... pour 10 euros seulement),
   
   - Daniel Dennett, La conscience expliquée, chez Odile Jacob, 1993 (ouvrage de 628 pages, qui, à ce qu'il paraît, et malgré le titre, n'explique pas du tout la conscience ; pour le poids, compter 965 grammes...).
   
   - Enfin, 3 pages intéressantes m'ont été signalées sur la philosophie de l'esprit de Davidson (1917-2003) : http://www.yrub.com/philo/davidsonesprit1.htm. Et, sur le même site, une évocation de l'article de Thomas Nagel intitulé Qu'est-ce que ça fait d'être une chauve-souris ? ...On se demande où ces américains (ou anglais) vont chercher tout ça.
   
   - J'ajoute à cette liste 3 pages trouvées chez Wikipedia, qui peuvent donner aussi une première idée sur la philosophie analytique : l'article philosophie analytique, la table des articles sur cette philosophie sur ce site, et l'article philosophie de l'esprit. Voilà de quoi vous lancer !

Cela dit - je le répète : je ne suis pas du tout spécialiste de philosophie anglo-saxonne.

Bonne lecture ! Bye bye. Avec toutes mes...