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édition originale 16-03-2003
actualisée le 12-05-2008

Justice et religion...
31/05/2005

De Mohammadi le 31/05/05 : "Quel rapport entre justice et religion ?"

=> 13/06/05 :

Bonjour Mohammadi. Et pardon puisque, une fois de plus, je suis très en retard...
Toujours la faute aux copies ;-((

Votre question est très directe, et il n'est pas facile d'y répondre bien en peu de mots. Ne serait-ce que parce que c'est une longue histoire. Il faudrait peut-être commencer en tâchant d'en identifier l'origine. Or on peut penser que la justice des hommes pose problème pour plusieurs raisons, qui sont précisément au coeur de la religion, ou, plutôt, des religions : les hommes, en effet, sont "ouverts" à la notion de justice - même les plus injustes d'entre eux... Selon Kant [<= voyez ce texte], même le "méchant" souhaite être "bon" ! Mais :

  1. Les hommes sont-ils pour autant justes ? Font-ils vraiment preuve de justice, y compris avec ceux qui leur sont proches ? Evidemment non. Selon Kant [texte cité], cela vient de ce qu'ils ont avant tout une existence sensible, et de ce qu'ils sont enracinés dans un monde qui est lui-même sensible. Ainsi sont-ils pétris de désirs, de craintes, bref, de sentiments, qui, bien sûr, n'ont pas leur origine dans la raison, mais dans l'intérêt... très souvent contraire à la justice. Tel est en effet l'homme injuste : un être soumis à ses intérêts sensibles, c'est-à-dire à des passions, bien qu'il "n'en souhaite pas moins d'être libre de ces inclinations qui lui pèsent à lui-même" (même texte). La question est alors de savoir que faire. Et les religions apportent une réponse à cette question, en donnant un sens à l'existence humaine, notamment à travers l'idée du divin. Il faut en effet qu'une autorité souveraine, incontestable, impose aux hommes d'être justes, puisqu'ils ne le sont pas spontanément - du fait de la puissance des intérêts sensibles (= des passions) qui les animent.

  2. Mais une deuxième question surgit aussitôt : qu'est-ce que la justice ? Ou, plus concrètement : comment être juste ? Comment définir cette vertu essentielle sans laquelle aucun homme ne mériterait d'être considéré comme bon ? Là encore, les religions apportent des réponses, et toujours "d'en haut". Ce sont, par exemple, dans les religions du Livre (le judaïsme, le christianisme, l'Islam), les Commandements (Exode 20:1 à 17), qui, au passage, ont presque tous une forme négative : "Tu n'auras pas d'autres dieux devant ma face. [...] Tu ne te feras point d'image [...]. Tu ne prendras point le nom de l'Éternel, ton Dieu, [...].", et finalement "Tu ne tueras point. Tu ne commettras point d'adultère. Tu ne déroberas point. Tu ne porteras point de faux témoignage contre ton prochain. Tu ne convoiteras point la maison de ton prochain; tu ne convoiteras point la femme de ton prochain, ni son serviteur, ni sa servante, ni son boeuf, ni son âne, ni aucune chose qui appartienne à ton prochain." Toutes ces négations sont évidemment des condamnations des passions, des désirs humains, qui nous entraînent sur la voie du mal et de l'injustice. Evidemment, il est toujours possible de dire cela de façon "positive". Ainsi, le Christ ramène-t-il les 10 Commandements de l'Exode à seulement deux, qui sont des commandements d'amour : "Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton coeur, de toute ton âme et de tout ton esprit : voilà le plus grand et le premier commandement. Le second lui est semblable : tu aimeras ton prochain comme toi même. A ces deux commandement se rattache toute la Loi ainsi que Les Prophètes." (Mt 22,34-40).

Maintenant, si je comprends bien, vous vous demandez si les réponses à ces deux questions ont nécessairement une réponse religieuse, autrement dit s'il faut admettre une transcendance pour fonder les réponses à ces questions. Vous savez que l'histoire de France et la culture française depuis la révolution de 1789 ont montré qu'il était possible de penser la justice et de demander qu'elle soit respectée sans en appeler à une autorité transcendante. C'est le sens de la laïcité, qui à l'évidence, est une conquête de la démocratie. Dans les Etats que l'on peut qualifier de modernes, le principe de la justice est la loi humaine (c'est l'Etat de droit), et le principe de la loi humaine est la raison, égale en tous les hommes et en fonction de laquelle les représentants du peuple doivent se prononcer. Cela dit, la séparation totale de l'Eglise et de l'Etat n'est pas effective dans tous les Etats démocratiques (voyez déjà dans les différents pays européens), et rien n'empêche, dans un Etat où elle s'est opérée, d'adopter les croyances et de pratiquer les rites de son choix : la laïcité est une neutralité à l'égard des religions, et va de pair avec la liberté de culte. La laïcité n'interdit donc nullement les religions. Elle ne s'y réfère simplement plus comme à un principe fondateur.

Voilà. Je sais bien que c'est plus compliqué, mais c'est un premier tour d'horizon. Sur cette question des rapports entre la justice et la religion, il y a beaucoup à dire, et à lire. Par exemple Leibniz (voir un tout petit aperçu à la fin de ce courrier).

Avec toutes mes...


-: Amitiés :- P h i l i a.

Référence du message : ID 068

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