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L´inconscient ne désigne en réalité qu´une conscience de mauvaise foi


 

La censure , pour appliquer son activité avec discernement, doit connaître ce qu'elle refoule. Si nous renonçons en effet à toutes les métaphores représentant le refoulement comme un choc de forces aveugles, force est bien d'admettre que la censure doit choisir et, pour choisir, se représenter . D'où viendrait, autrement, qu'elle laisse passer les impulsions sexuelles licites, qu'elle tolère que les besoins (faim, soif, sommeil) s'expriment dans la claire conscience ? Et comment expliquer qu'elle peut relâcher sa surveillance, qu'elle peut même être trompée par les déguisements de l'instinct ? Mais il ne suffit pas qu'elle discerne le tendances maudites, il faut encore qu'elle les saisisse comme à refouler, ce qui implique chez elle à tout le moins une représentation de sa propre activité. En un mot, comment la censure discernerait-elle les impressions refoulables sans avoir conscience de les discerner ? Comment peut-on concevoir un savoir qui serait ignorant de soi ? [...] Mais de quel type peut être la conscience (de) soi de la censure ? Il faut que la censure soit conscience d'être conscience de la tendance à refouler, mais précisément pour n'en être pas conscience. Qu'est-ce à dire sinon que la censure doit être de mauvaise foi ?

SARTRE
L'Etre et le Néant, I, chap. II, coll. Bibliothèque des Idées, éd. Gallimard, pp. 91-92


 Notes