Chargement en cours . . . 
page précédente...
dossiers, lexiques, textes, ...
la dissertation, le commentaire...
mises à jour, projets...
moteurs de recherche...
Philia [accueil]
TEXTE

télécharger / imprimer la page...

la copie de
PLATON

lire une notice sur cet auteur...
loi - législation - réglementation - légitime / légal - justice - droit - individu / société - autorité - politique - Etat / Cité - intérêt général - intérêt - particulier - raison - intelligence - sagesse - savoir - vertu -
  Mots clés :
Moteur actif X-Recherche  
Sujet :

Il est, décidément, indispensable aux hommes de se donner des lois et de vivre conformément à ces lois ; autrement, il n'y a aucune différence entre eux et les animaux qui, sous tous les rapports, sont les plus sauvages. Et voici quelle en est la raison : il n'y a absolument pas d'homme qui naisse avec une aptitude naturelle, aussi bien à discerner par la pensée ce qui est avantageux pour l'humanité en vue de l'organisation politique, que, une fois cela discerné, à posséder constamment la possibilité comme la volonté de réaliser dans la pratique ce qui vaut le mieux. En premier lieu, il est difficile en effet de reconnaître la nécessité, pour un art politique vrai, de se préoccuper, non pas de l'intérêt individuel, mais de l'intérêt commun, car l'intérêt commun fait la cohésion des Etats, tandis que l'intérêt individuel les désagrège brutalement ; difficile en outre de reconnaître que l'avantage, à la fois de l'intérêt commun et de l'intérêt individuel, de tous les deux ensemble, est que l'on mette en belle condition ce qui est d'intérêt commun, plutôt que ce qui est d'intérêt individuel.
     En second lieu, à supposer que, d'aventure, on ait acquis dans les conditions scientifiques voulues la connaissance de cette nécessité naturelle ; à supposer en outre de cela, que dans l'Etat, on soit investi d'une souveraineté absolue et qui n'ait point de comptes à rendre, il ne serait jamais possible que l'on demeurât toujours fidèle à cette conviction, c'est-à-dire que, tout au long de la vie, on entretînt à la place maîtresse l'intérêt commun, et l'intérêt individuel en état de subordination à l'égard de l'intérêt commun. Tout au contraire, la mortelle nature poussera constamment l'homme à la convoitise du plus avoir et à l'activité égoïste ; cette nature qui fuit déraisonnablement la peine, qui déraisonnablement poursuit le plaisir, se fera de l'une et de l'autre de ces deux choses un écran en avant de ce qui est le plus juste et le meilleur ; produisant ainsi l'obscurité en elle-même, elle finira par emplir de tous les maux, à la fois elle-même et l'Etat dans son ensemble.
     Bien entendu, si un jour il naissait un homme qui, en vertu d'une grâce divine, posséderait de nature la capacité d'unir l'une à l'autre les deux conditions dont j'ai parlé, il n'aurait nul besoin de lois pour régir sa conduite personnelle : il n'y a, en effet, ni loi, ni règlement quelconque qui ait une puissance supérieure à celle du savoir, et il n'est pas permis non plus de soumettre l'intelligence à quoi que ce soit, encore moins d'en faire une esclave, elle à qui appartient au contraire une légitime autorité sur toutes choses : à cette condition précise toutefois qu'elle soit une intelligence authentique, une intelligence réellement libre en conformité de sa nature.
     Mais c'est un fait que nulle part il n'en est du tout ainsi sinon dans une mesure bien restreinte. Voilà donc pourquoi c'est l'alternative de second rang qu'il faut choisir, celle de la réglementation et de la loi, lesquelles ont assurément une vision de ce qui est ordinaire et fixent sur lui leur regard, mais qui sont impuissants à faire de même à l'égard de tout.

PLATON
Les Lois, IX, 875ad



Moteur actif : X-Recherche

changer le moteur => Cléphi | Zoom |  X-Recherche  | aide

 remonter