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L´industrie culturelle fait perdre à l´art son caractère exceptionnel


 

On peut opposer qu'à travers les siècles le public d'une véritable oeuvre d'art est peut-être plus grand que le public - trés étendu mais éphémère - qu'à un moment donné l'emploi des mass media procure à une chansonette. Mais la réduction de la qualité artistique à la simple communication mène justemment à changer la notion d'art, qui de cette façon perdrait en valeur et en durée ce qu'il gagnerait en étendue et en présence. Priver l'art de son caractère exceptionnel c'est le priver aussi de son universalité et de sa pérennité : l'art qui est à la portée de tout le monde, entièrement plongé dans la vie de son temps, présent dans les moindres aspects de la civilisation dont il fait partie, est un art tellement lié à ses conditions historiques qu'il est destiné à mourir avec son époque et à devenir de plus en plus incompréhensible. C'est un art de grande diffusion mais d'un niveau inférieur, d'autant plus exposé à l'usure du temps qu'il est rapidement consommé. C'est un art conforme à une époque de masses comme la nôtre, où c'est presque un devoir social que d'attribuer aux produits largement consommés par la foule le même mérite et la même dignité que les oeuvres appréciées par les gens raffinés et compétents ; où l'on songe plus la proportion d'une oeuvre à sa situation historique qu'à la possibilité d'en établir la valeur ; où il n'est pas scandaleux que l'industrie culturelle traite de la même façon une oeuvre dont la valeur ne consiste qu'à être objet de communication et de consommation et une oeuvre qui à sa valeur en elle-même et dans sa propre indépendance souveraine ; où en somme on remplace l'art par son ersatz .

Luigi PAREYSON


 Notes