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MOUNIER

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moi / autrui - personne - sujet / objet - corps - monde - universel - je - tu - communication - amour - enfant - égocentrisme - étranger - conflit - folie -
  Mots clés :
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Sujet :
Le premier mouvement qui révèle un être humain dans la petite enfance est un mouvement vers autrui : l'enfant de six à douze mois, sortant de la vie végétative, se découvre en autrui, s'apprend dans des attitudes commandées par le regard d'autrui. Ce n'est que plus tard, vers la troisième année, que viendra la première vague d'égocentrisme réfléchi. Nous sommes influencés, quand nous pensons la personne, par l'image d'une silhouette. Nous nous plaçons alors devant la personne comme devant un objet. Mais mon corps, c'est aussi ce trou de l'oeil béant sur le monde, et moi-même oublié. Par expérience intérieure, la personne nous apparaît aussi comme une présence dirigée vers le monde et les autres personnes, sans bornes, mêlée à eux, en perspective d'universalité. Les autres personnes ne la limitent pas, elles la font être et croître.
      Elle n'existe que vers autrui, elle ne se connaît que par autrui, elle ne se trouve qu'en autrui. L'expérience primitive de la personne est l'expérience de la seconde personne. Le tu, et en lui le nous, précède le je, ou au moins l'accompagne. C'est dans la nature matérielle (et nous y sommes partiellement soumis) que règne l'exclusion, parce qu'un espace ne peut être deux fois occupé. Mais la personne, par le mouvement qui la fait être, s'ex-pose . Ainsi est-elle par nature communicable, elle est même seule à l'être. Il faut partir de ce fait primitif.
      De même que le philosophe qui s'enferme d'abord dans la pensée ne trouvera jamais une porte vers l'être, de même celui qui s'enferme d'abord dans le moi ne trouve jamais le chemin vers autrui. Lorsque la communication se relâche ou se corrompt, je me perds profondément moi-même : toutes les folies sont un échec du rapport avec autrui,- alter devient alienus , je deviens, à mon tour, étranger à moi-même, aliéné. On pourrait presque dire que je n'existe que dans la mesure où j'existe pour autrui, et, à la limite : être, c'est aimer.

Emmanuel MOUNIER
Le Personnalisme, P.U.F. éd. , coll. "Que sais-je ?", pp. 38-39



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