La conscience n'est autre chose que l'esprit
					
				. L'acte par lequel l'esprit se dédouble et s'éloigne à la fois de lui-même et des choses est un acte si important qu'il a fini par donner son nom à la vie psychique tout entière ou plutôt la « prise de conscience » ne désigne pas un acte distinct, mais une fonction où l'âme totale figure à quelque degré ce qui est propre à l'attitude philosophique
					
				. Dans sa mobilité infinie la conscience peut se prendre elle-même pour objet : entre le spectateur et le spectacle un va-et-vient s'établit alors, une transfusion réciproque
					
				 de substance : la conscience-de-soi, en s'aiguisant, recrée et transforme son objet, à savoir un phénomène de l'esprit ; mais l'esprit à son tour déteint sur la conscience, puisqu'en somme c'est l'esprit qui prend conscience. Il y a en nous comme un principe d'agitation et d'universelle inquiétude qui permet à notre esprit de ne jamais coïncider avec soi, de se réfléchir
					
				 sur lui-même indéfiniment ; de toute chose nous pouvons faire notre objet et il n'est pas d'objet auquel notre pensée ne puisse devenir transcendante
					
				. La conscience veut n'être dupe de rien, pas même de soi
					
				. C'est une infatigable ironie
					
				... La conscience se divise extrêmement, se fait toute ténue, aiguë et abstraite, afin de n'être pas surprise par le donné. Elle est clairvoyance
					
				 et liberté.
	
		Vladimir JANKELEVITCH
La Mauvaise Conscience, P.U.F., pp. 1-2
		
	 
				
	
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