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 Ressources philosophiques | Dialogue
 une rencontre incroyable

édition originale 02-05-2002
actualisée le 16-07-2004

Où la naissance des dialogues qui jalonnent ce site magnifique vous est entièrement révélée.


Il s'agit ici de l'enregistrement (rigoureusement authentique) du premier entretien au cours duquel s'est nouée cette amitié qui parcourt Philia, et sans laquelle rien n'eut été possible. Fort heureusement, notre service de gestion des ressources humaines a réussi à préserver une copie intégrale parfaitement conforme à cet événement fondateur.
Bonne lecture.

– Mais c'est incroyable ça ! C'est incroyable !!!
– Bonjour…
– Oui bonjour mais c'est in-cro-yable ! Regardez-moi ça !
– Quoi donc ?
– Mais tout ça ! Regardez : là… et là… Et là ! ! !
– Pourriez-vous être un peu plus précis ?
– Ben, par exemple là, à droite, il y a des… comment, des onglets !
– Oui.
– Et ça ne vous fait rien de plus que ça !?
– Non.
– Mais alors vous ne rendez pas compte ? C'est vraiment incroyable !!!
– Je ne vois pas ce qu'il y a d'extraordinaire…
– Alors là c'est encore plus incroyable : il ne se rend même pas compte que c'est incroyable : mais regardez ! Il y a des onglets, là, à droite, et une spirale, ici, à gauche, et entre les deux, partout, des petits carreaux !!! Alors comme ça vous ne vous rendez pas compte que c'est un cahier ?
– Des onglets, une spirale, des petits carreaux… Oui : vous devez avoir raison : c'est un cahier.
– Et c'est tout ce que ça vous fait ? … Je vous signale qu'on est dans le cahier !
– …Oui. Et alors ?
– Mais c'est fou !!!
– Ah ! Vous progressez : vous avez arrêté de dire que c'est incroyable !
– Incroyable, fou, c'est pareil : on est dans un cahier je vous dis !
– Bon. Si vous y tenez : c'est incroyable et fou. Mais selon moi, on ferait bien de…
– Et puis ce n'est pas tout… Vous vous rendez compte : non seulement on est dans un cahier, mais en plus, tout ce qu'on dit apparaît sur la page. Tenez, par exemple, là, je suis en train de parler, et toc, tout ce que je dis, toutes les paroles que je dis, elles se retrouvent marquées sur le cahier. Zut ! Vous voyez ça ? Tout ce que je dis s'écrit en même temps que je le dis. Je dis un mot : « zut ! » et toc il est écrit aussi sec. Toc : vous avez vu ? Toc. Je dis « toc » et aussitôt c'est écrit toc ! Alors là franchement si vous ne…
– Oui oui, c'est bizarre. Un peu bizarre, en effet. Evidemment, quand on n'est pas…
– Bizarre ? C'est bizarre, que vous avez dit ?… Le mot est faible ! Vraiment !
– Vous devriez vous calmer, voyez-vous bien, car sinon vous allez encore dire que c'est incroyable. Mais tout à l'heure, je voulais dire qu'on ferait bien de…
– Non mais ça c'est fou : bon, d'accord, j'ai déjà dit ça aussi, mais vraiment c'est fou…Voilà, c'est ça : c'est une histoire de fou, ou de fous, tiens , tant qu'à faire, puisque tout ce que je dis est orthographié ! Et vous, vous êtes là, bien tranquillement, vous ne vous en faites pas, vous êtes accoudé au bord du cahier, dedans même, et vous ricanez en me regardant m'énerver… Avouez quand même qu'il y a de quoi s'énerver ! Ou alors il faut vraiment être philosophe !
– Eh bien justement, c'est cela même : je suis…
– Quand je pense à tous ces petits carreaux, tiens, ça me fait penser à l'école. Beuerk !
–…
– …Ou alors à la prison !!! …Aïe aïe aïe ! On est en prison ! Au secours ! Au se…
– Vous vous conduisez comme un enfant !
– Hein ? Quoi ? Comme un enfant ? Je suis là, enfermé dans un cahier d'école, tout ce que je dis est marqué aussitôt que je le dis, je suis avec un type que je connais même pas, et qui est là, accoudé bien tranquillement dans le même cahier que moi. Il reste calme, et même pas inquiet, il me dit que je me comporte comme un enfant : non mais je rêve, je rêve, je r…
– Calmez-vous donc : on peut tout à fait convenir de l'étrangeté d'une situation, et ne pas se mettre dans tous ses états comme vous faites. Et pendant que j'ai la parole, et que vous ne me coupez pas, je voudrais vous expliquer, bien sûr, si vous êtes d'accord…
– D'accord, évidemment d'accord ! Est-ce que j'ai le choix ?… Je voudrais surtout savoir ce que je fiche là, enfermé dans ce cahier ! Et comment on va faire pour sortir de là ! Vous avez une solution, vous ? Quel cauchemar !!! Mais qu'est-ce que j'ai fait au bon dieu pour me retrouver là-dedans !?
– Ce que je voulais vous dire, tout à l'heure, alors que vous m'interrompiez constamment, c'est que nous ne sommes pas seuls.
– Quoi ?? Vous voulez dire : on est pas les deux seuls prisonniers du cahier ? Il y en a un autre ? ...C'est son oeil qu'on voit tout là haut ??
– Permettez moi une remarque…
– Ben tiens ! Pendant que vous y êtes !
– Juste une petite remarque, en passant : vous devriez faire plus attention à ce que vous dites. Je vous le répète : nous ne sommes pas seuls. Ainsi, vous venez de faire une faute de français…
– Une faute de français ?
– Oui : vous avez dit : « on est pas les deux seuls prisonniers ».
– …Et alors ?
– Eh bien, vous auriez dû dire : « on n'est pas les deux seuls prisonniers »
– Quelle différence ?
– Regardez bien.
– Où ça ?
– Eh bien, là, juste au-dessus : c'est écrit !
– ...Ah oui… Vous avez raison : « on n'est pas les deux seuls prisonniers »… Mais avouez, quand même, que c'est secondaire !
– Oui, dans un sens, oui…
– Sauf si on est pas seuls, c'est ça ?
– Vous voyez : vous recommencez !
– Ah oui, pardon, pardon : sauf si on n'est pas seuls ! …Mais enfin vous allez me le dire, maintenant, qui est avec nous ?
– Mais nos lecteurs, cher ami, nos lecteurs !
– Comment ça des lecteurs ? Et ils sont où vos lecteurs ?
– Ce sont les vôtres aussi : ils sont venus nous entendre, entendre nos discussions philosophiques.
– …Hein ?
– Vous avez bien entendu : nos discussions philosophiques. D'ailleurs, vous l'avez bien lu, aussi !
– Arrêtez vos sarcasmes, c'est insupportable !
– Bon, bon, d'accord. Alors, on peut commencer ?
– Quoi ?… Commencer quoi ?
– Commencer à discuter…
– Vous voulez dire : je suis pris en otage dans une discussion philosophique ?… dans un cahier, en plus ?
– Je vous explique : nous sommes sur internet. Vous savez… le web.
– … ?
– Le réseau mondial qui relie les ordinateurs, si vous préférez : donc il y a des gens qui viennent lire, regarder. Or s'ils consultent ce cahier, c'est qu'ils s'attendent à de la philosophie. Or, pour l'instant, ils ne lisent pas vraiment de la philosophie, vous en conviendrez. Donc on devrait…
– Ah non mais c'est pas vrai ! Alors là c'est le comble : otage du monde entier coincé dans des petits carreaux, obligé de discuter avec quelqu'un que je ne connais même pas et…
– Vous voulez dire : on aura tout vu ?
– Oui, c'est ça : on aura tout vu.
– …Ou tout lu.
– Et voilà, ça y est, c'est reparti ! Alors vous rigolez tout le temps… Vous… Franchement, je…
– Alors : vous êtes d'accord, ou bien non ?
– …Pour discuter ?
– Oui.
– Mais je n'y connais rien, moi, à la philosophie !
– Peut-être.
– …Peut-être ? Vous voulez dire que je m'y connais ?
– Peut-être, oui, parce que la philosophie, après tout, c'est la pensée…
– …Et je pense ? C'est ça ?
– Oui.
– Donc, je fais de la philosophie sans le savoir ? C'est ça ?
– Peut-être, oui.
– Décidément, vous ne savez dire que ça : « peut-être, oui » !
– …Peut-être, oui.
– Ah ! Non !
– Je plaisante, je plaisante... Bon, alors, vous êtes d'accord ?
– C'est fou ! Non mais c'est fou !
– Il me semble que vous avez déjà dit cela plusieurs fois…
– Vous voulez dire… On va discuter ? Comme ça ? Devant les gens ? Des choses philosophiques ?
– C'est ce que je vous propose, oui.
– Et on est vraiment coincés là-dedans ? Pas moyen d'en sortir ?
– Vous pouvez essayer... Mais à vrai dire, ce sont les visiteurs qui décident.
– Les visiteurs c'est les lecteurs ?
– Oui.
– Et ils ont tous les droits, les visiteurs ???
– En quelque sorte, oui.
– Bon, alors, évidemment…
– Vous êtes d'accord ?
– Je peux faire autrement ?
–…
– Bon, d'accord, alors qu'est-ce qu'il faut faire ? Comment il faut parler ? De quoi on va discuter ? Et la philosophie, c'est quoi au juste ? Vous croyez que je vais comprendre ?
– Que de questions, tout à coup !
– C'est ça ! Continuez de vous moquer de moi !
– D'accord, j'arrête de vous chahuter : vos questions sont tout à fait pertinentes…
– Merci ! Mais ceci dit, c'est pas vraiment une réponse, ça !
– Non : vous devez dire : « ce n'est pas vraiment une réponse… ».
– Oui, bon. Mais répondez-moi !
– On va procéder dans l'ordre, si vous voulez bien.
– …Bien obligé, je suppose !
– Oui : il faut de l'ordre si l'on veut penser correctement.
– Vous devez avoir raison.
– Il semble bien, au moins sur ce point… Et d'abord, il va falloir tourner la page.
– Vous voulez dire : ne plus penser à tout ça ?
– Non non non : j'ai bien dit il va falloir tourner la page.
– Hein ?

– Vous rendez-vous compte ? Nos lecteurs ont eu bien de la patience de nous lire jusque là ! Donc vous devez en convenir : il faut une autre page
– C'est vrai : ça ne m'avait pas traversé l'esprit.
– Parfait. Nous voilà d'accord. Alors allez-y…
– Allez-y ?
– Oui. Allez-y : tournez la page !
– Mais… Comment voulez-vous que je tourne la page ? Vous avez dit vous même qu'on était sur internet, sur le ouèbe…
– …le web.
– Oui, bon, le web, d'accord. Mais il y a deux choses : (1) on est dans la page, et (2) on est sur le "web", comme vous dites, et on est coincés dedans : comment on fait maintenant pour sortir de là ?
– …Vous voyez la touche, là, en bas ?
– Euh, pas vraiment…
– Regardez mieux : descendez un peu… Oui…. Là, oui. Vous voyez ?
– Bon, eh bien oui je vois, mais je ne comprends pas…
– Cliquez.
– Cliquer ?
− Cliquez sur cette touche ! N'ayez pas peur : il suffit de cliquer, et la page sera tournée !
– Et que va-t-il se passer, quand j'aurai "cliqué", comme vous dites ?
− C'est indiqué : "Home", c'est-à-dire Accueil.
− "Home" veut dire Acceuil ?
− Oui, enfin plutôt Accueil : vous avez encore fait une faute.
− Oui. Bon. Je vois que vous surveillez tout...
− En effet ! En cliquant sur cette touche, le visiteur va accéder à une magnifique page d'accueil, et nous le suivrons tout au long de sa visite. Ainsi, nous pourrons peut-être...
– …Bon d'accord Je clique. Je ne comprends pas vraiment, et même je ne comprends vraiment pas, et je ne sais pas pourquoi je vous écoute comme ça, mais je clique… Quand même, c'est incroyable !
– Incroyable ? Encore ???

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