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Ressources philosophiques | Article Wikipédia![]() édition originale 22-02-2004 actualisée le 10-03-2005 |
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Remarque :
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AristoteLa première analyse de ce que l'on peut appeler libre-arbitre (en tant que spontanéité rationnelle) se trouve chez Aristote dans l’Ethique à Nicomaque, livre III. Platon avait probablement déjà conçu, dans La République, une réflexion sur la liberté, mais cette liberté est plutôt d'ordre métaphysique. Ce point sera développé un peu plus loin. La réflexion d'Aristote se comprend d'après sa recherche de l'essence de la vertu : la vertu a trait aux actes volontaires. Mais quelle est l'essence du volontaire ? Pour le comprendre, il recherche ce qu'est l'involontaire de manière empirique et d'après ce qu'en dit le droit. Or, il y a deux causes de l'involontaire :
1. Aristote distingue deux sortes d'actes commis par ignorance :
Par exemple, si je suis ivre, je suis responsable de l'état irresponsable dans lequel je tombe. Pour les Grecs, l'ivresse double la peine. Mais si j'administre un poison en étant convaincu que c'est un remède, je pose un acte autre que celui qui est voulu ; je ne suis donc pas la cause de l'acte effectif. Je n'aurais pas agi ainsi si j'avais su ; et si j'avais su et que j'avais fait pareil, je serais responsable. 2. Chaque corps aspire à se reposer dans son lieu naturel : c'est une physique téléologique qui permet de comprendre ce qu'est la contrainte physique. Le feu monte pour retrouver le feu céleste. Il y a une spontanéité du mouvement naturel qui est un principe interne de mouvement. Il résulte de cela qu'une pierre qui monte subit un mouvement « non naturel » : elle subit une contrainte extérieure à sa nature. De même, nous agissons de nous-mêmes (efficience causale interne) ou contraint (efficience causale externe). On peut distinguer trois types d'actes :
Il est maintenant possible de préciser le concept de volontaire par inversion de ce qui a été dit : le volontaire c'est un acte spontané, accompli en connaissance de cause. Il y a la spontanéité du désir éclairé par l'intentionnalité de la raison :
Comme on peut le constater, la réflexion d'Aristote porte sur les conditions de la responsabilité. Son idée de la liberté ressemble peu à l'idée moderne ; elle concerne surtout une âme qui est principe d'animation. À ce titre, puisqu'Aristote admet qu'un cheval puisse être vertueux, il peut sans doute également être dit libre (i.e. s'il avait la raison). Cela n'aurait rien d'incongru ; c'est seulement que notre conception de l'âme s'est trouvée mélée à des idées théologiques : notre idée de liberté se développe sous l'influence chrétienne. Les futurs contingents(voir aussi l'article fatalisme qui expose quelques raisonnements) Le problème des futurs contingents est un problème de logique qui se présente sous la forme d'une alternative. Aristote analyse la proposition suivante : il y aura une bataille demain ou il n'y aura pas de bataille demain. Comme l'un ou l'autre est nécessairement vrai, il semble nécessaire que l'un arrive et pas l'autre. En conséquence, cette nécessité logique se traduirait par une nécessité des événements eux-mêmes. En réalité, selon Aristote, la nécessité ne porte que sur le ou, ce qui fait que les parties de l'alternative ne sont pas nécessaires en elles-mêmes. PlatonPlaton raconte dans un mythe comment les âmes choisissent leur futur incarnation. Cela peut être interprété comme une conception métaphysique de la liberté, conception qui ne semble pas très courante dans l'Antiquité (on trouve une allusion très courte chez Cicéron) :
Période hellénistiqueÉpicureÉpicure a inventé la notion de clinamen pour éviter le déterminisme qui découle de sa physique. Voir à l'article Épicure, section Physique.
StoïciensPour le fatum stoïcien, voir Fatalisme : J'appelle destin (fatum) ce que les Grecs appellent heimarménè, c'est-à-dire l'ordre et la série des causes, quand une cause liée à une autre produit d'elle-même un effet. (....) On comprend dès lors que le destin n'est pas ce qu'entend la superstition, mais ce que dit la science, à savoir la cause éternelle des choses, en vertu de laquelle les faits passés sont arrivés, les présents arrivent et les futurs doivent arriver (Cicéron, De la divination). Aspect pratique de la liberté : il y a une dimension pratique de la liberté et une dimension qui concerne nos états psychologiques. Cette dimension concerne particulièrement les passions de l'âme et la morale. La conception stoïcienne de la liberté est de ce point de vue une conception morale typique.
AugustinLa liberté est pour Augustin correspondance entre la volonté humaine et la volonté divine ; elle n'est donc pas un choix, mais une sorte de nécessité à se conformer à l'ordre divin. Il existe toutefois deux sortes de liberté : la liberté parfaite qui précède la chute (épisode du péché originel) où l'homme est libre entièrement, parce qu'il fait de lui-même le bien, qu'il est ce bien qu'il réalise ; une liberté imparfaite, après la chute, qui témoigne de la corruption de la nature humaine, autrement dit de la mauvaise utilisation de sa volonté. Quand l'homme est bon malgré tout, ce n'est pas de son fait, mais par la grâce de Dieu :
Thomas d'AquinDans la scolastique, la liberté est une faculté de la raison et de la volonté, i.e. une faculté de faculté ! Malgré cette curiosité, ce qui est souligné, c'est la collaboration de la raison et de la volonté. Pour comprendre ce concept chez Thomas d'Aquin, il faut se représenter l'âme divisée en deux parties :
Comme on le voit dans le tableau proposé, une philosophie de la liberté implique une distinction entre la volonté et le désir :
On constate dans l'ensemble que la volonté devient une puissance rationnelle. Elle n'est pas déterminée par des choses particulières qu'elle transcende. L'animal, en revanche, est collé au particulier. En résumé, la notion de libre-arbitre, c'est :
L'horizon métaphysique de cette conception, c'est Dieu. La conception rationnelle de l'action donne pour le chrétien une dignité immanente à l'homme. En effet, la valorisation antique de la pensée ne permettait pas de valoriser le choix, car la pensée a une nécessité logique. La volonté, en revanche, permet le libre-arbitre humain. Philosophie moderne Descartes
La conception de la liberté de Descartes, qui s'oppose à l'augustinisme jusqu'à un certain point, nous fait parvenir ici au commencement de la conception moderne de l'individu. De ce point de vue, la liberté cartésienne a des conséquences morales et politiques considérables. SpinozaOn oppose souvent indifféremment liberté et contrainte, et liberté et nécessité, comme si nécessité et contrainte étaient des concepts équivalents. C'est une erreur selon Spinoza : « Pour ma part, je dis que cette chose est libre qui existe et agit par la seule nécessité de sa nature, et contrainte cette chose qui est déterminée par une autre à exister et à agir selon une modalité précise et déterminée » (Correspondance, Spinoza à G.H. Schuller). Ainsi, « la permanence de la pierre dans son mouvement est une contrainte, non pas parce qu'elle est nécessaire, mais parce qu'elle doit être définie par l'impulsion des causes externes; et ce qui est vrai de la pierre, l'est aussi de tout objet singulier, quelle qu'en soit la complexité et quel que soit le nombre de ses possibilités : tout objet singulier, en effet, est nécessairement déterminé par quelque cause extérieure à exister et à agir selon une loi précise et déterminée » (Ibid.). Il n'y a donc pas de liberté dans la nature. Toutefois, poursuit Spinoza, si elle pouvait penser, cette pierre se croirait « libre et ne persévérer dans son mouvement que par la seule raison qu'elle le désire ». Or « telle est cette liberté humaine que tous les hommes se vantent d'avoir et qui consiste en cela seul que les hommes sont conscients de leurs désirs et ignorants des causes qui les déterminent » (Ibid.). Le libre arbitre n'est donc qu'une illusion favorisée par notre ignorance de ce qui détermine nos actions : l'homme est une partie de la nature, et non pas « un empire dans un empire » (Ethique, Livre III, préface) et il n'agit donc pas plus librement que cette pierre s'imaginant douée du pouvoir de déterminer par elle-même son mouvement. L'origine de cette illusion est à rechercher dans le clivage imaginé par l'homme entre l'âme et le corps : il s'imagine en effet que le corps soumis au mécanisme (cf. Descartes et sa théorie des animaux-machines) tandis que l'âme serait principe de liberté capable de déterminer par elle-même ses propres fins. Mais en réalité, l'âme est « l'idée du corps » ; le désir n'est que l'appétit accompagné de conscience, et donc « les décrets de l'esprit ne sont rien en dehors des appétits mêmes, et sont par conséquent variables selon l'état variable du corps » (Ethique, Livre III, scolie de la prop. 2). La position de Descartes n'est donc pas, selon Spinoza, sensiblement éloignée du sens commun, car on ne peut que saluer sa tentative « d'expliquer les Affections humaines par leurs premières causes », mais en voulant montrer « en même temps par quelle voie l'Ame peut prendre sur les Affections un pouvoir absolu [...] à mon avis, il n'a rien montré que la pénétration de son grand esprit » (Ethique, Livre III, préface). Voir sur ce point l'article Libre arbitre (l'illusion du libre arbitre selon Spinoza).
LeibnizLeibniz nie à la fois la nécessité et l'absolue liberté telle qu'elle est conçue chez Descartes. Il cherche ainsi une réconciliation entre déterminisme et liberté. Sa critique repose sur quelques grands principes :
Pour Leibniz, l'aperception est la synthèse des petites perceptions, insensibles chacune en elle-même. L'inconscient leibnizien est donc fait de ces petites perceptions.
Par conséquent, il n'y a pas de liberté d'indifférence, car l'arbitre ne peut être dans un état d'équilibre entre deux objets puisqu'ils ne sont pas identiques. Il est impossible d'agir sans motif : notre comportement est donc nécessairment déterminé. Agir sans raison serait une imperfection, un acte aléatoire. Ainsi, être libre, c'est agir selon la plus parfaite des raisons que l'on puisse concevoir. La liberté est la plénitude d'une détermination rationnelle. Pourtant, cette surdétermination n'est-elle pas une aliénation ? La liberté étant en effet la plus parfaite raison, n'est-ce pas nier l'autodétermination du sujet ? Il faut, selon Leibniz, distinguer le certain du nécessaire : il est certain que le sage agira pour le mieux, mais ce n'est pas nécessaire. La certitude n'implique pas la nécessité : l'obligation morale n'est pas nécessaire. Cette conception de la liberté s'oppose à la conception scolastique : la philosophie des facultés hypostasie les facultés, elle pose en substance ce qui est en acte ; en disant que la volonté choisit, on lui prête une faculté qui appartient à l'entendement. Il n'y a donc pas de distinction entre volonté et entendement. La définition scolastique se réfute elle-même, c'est un schéma absurde. Pour Leibniz en effet, la volonté n'est jamais que l'intelligence qui choisit : la liberté appartient à la raison, et c'est la faculté du meilleur choix possible. Autrement dit c'est une autodétermination optimale. En résumé, on ne peut choisir entre liberté métaphysique et déterminisme, car la liberté suppose la détermination. Emmanuel KantLa philosophie kantienne de la liberté peut être résumée ainsi : la loi morale est la ratio cognoscendi de la
liberté ; la liberté est la ratio essendi de la loi morale. Henri Bergson
Phénoménologie de la libertéÀ la fin du XIXe siècle, la psychologie se cherche un statut scientifique. Ce statut implique un déterminisme psychophysiologique. Contre ce courant, Edmund Husserl va tenter de marquer les limites du point de vue naturaliste : celui-ci, selon Husserl, ne suffit pas à épuiser la réalité de l'esprit. Seul le point de vue de l'esprit sur lui-même peut en dévoiler l'essence vrai. Il cherche alors à établir des rapports psychophysiques permettant à l'esprit d'agir sur le monde par son corps propre, en affirmant ainsi la transcendance de l'ego. Deux aspects fondamentaux de la phénoménologie pour comprendre la liberté :
Dans l'épokhè, il s'agit pour la conscience d'éliminer de son champ tout ce qui ne lui est pas immédiatement connu. On a là le cogito et la métaphysique de Descartes. Il s'agit de faire apparaître ce qui constitue en propre la conscience. Et ce qui résiste, c'est la conscience constitutive de tout sens, objet ou être. En plaçant entre parenthèses le monde objectif, l'épokhè relativise radicalement la psychophysiologie, pour atteindre une subjectivité trancendantale. Ainsi, loin d'être déterminée par un objet, la conscience investit l'objet de sens. Dans la réduction, l'idée de nature objective peut donc être écartée, car elle n'appartient pas à la conscience. L'épokhè dévoile la conscience comme un absolu irréductible et le monde objectif comme un terme relatif. Cette thèse permet à Edmund Husserl de rejeter l'idée d'une détermination des états de la conscience par les variations de l'organe central de la perception, le cerveau. Il admet pourtant que la conscience s'appuie sur un sousbassement sensible, et qu'elle peut même être conditionnée par certains processus physiques dans son activité perceptive. Mais il y a des limites à cette dépendance, car, comme l'épokhè l'a montré, on ne peut réduire la conscience : on ne peut faire l'économie de son point de vue sur elle-même dans lequel il n'entre aucun donné objectif. Cette thèse peut être développée suivant deux aspects qui donne un statut transcendantal à la liberté : 1. Il y a d'abord les phénomènes de la rétention, de l'attention, comme la saisie d'un sens spirituel dans l'objet sensible : l'esprit n'est pas un appareil perceptif passif, mais a une spontanéité propre intentionnelle. Par exemple, une livre n'est pas qu'un ensemble de formes imprimées, car ces formes ont un sens pour la conscience. Il n'y a donc pas de détermination mécanique des formes objectives, mais une signification inspirée de ces formes. Ce ne sont pas les données sensibles qui importent, mais les symboles que la conscience y trouve : c'est une activité intentionnelle du sujet, une projection dans l'objet. Cette activité isole des éléments, et en néglige d'autres. Mon intention constitue l'objet comme objet spirituel. 2. Cette thèse implique ensuite une situation de la conscience dans le monde : pour la phénoménologie, la conscience est déterminée par le monde, mais c'est du monde environnant constitué par elle qu'il s'agit, et non du monde objectif. Ainsi rendra-t-on compte du l'action humaine par le monde subjectif : c'est moi qui détermine le monde. Le principe de la liberté humaine sera alors une loi intérieure à la conscience. Ce rapport de la conscience à son monde renverse la dépendance classique entre l'objet et le sujet, puisque l'esprit est conditionné en tant qu'il constitue le monde. Cette position permet néanmoins de naturaliser l'esprit, mais pas d'une manière unilatérale : il y a un rapport réciproque nature / conscience. Dès lors, le lieu de réalisation de la liberté sera le corps propre, c'est-à-dire non pas le corps en tant qu'il est connu par la science, mais le corps organique éprouvé par la conscience. Ce corps est comme l'interface entre le monde de l'esprit et celui de la nature. Le corps propre c'est la causalité spirituelle, le lieu où l'esprit s'objective et se réalise dans le monde. En conclusion, cet ensemble de réflexions sur la conscience et le corps propre fait que la liberté transcendantale est bien dans la lignée de la métaphysique classique, car elle oppose, comme il a été vu plus haut, la raison à la sensibilité. La liberté est en effet l'indépendance transcendantale de la conscience : elle s'établit sur les ruines du déterminisme, car la spontanéïté du sujet est irréductible. SartrePour Sartre, la liberté transcendantale de l'ego est rendue manifeste par l'imagination. En effet, « pour qu'une conscience puisse imaginer il faut qu'elle échappe au monde par sa nature même, il faut qu'elle puisse tirer d'elle-même une position de recul par rapport au monde. En un mot il faut qu'elle soit libre » (L'Imaginaire, conclusion). Plus précisément :
L'existentialisme est un humanisme Certes, un projet peut bien se réaliser, mais il n'est plus alors un projet ; il relève désormais de l'en-soi. C'est pourquoi « l'être du pour-soi est ce qu'il n'est pas et n'est pas ce qu'il est ». La réalité humaine implique donc toujours un écart au réel (à l'en-soi), et c'est précisément en quoi consiste la liberté. La raison peut bien prétendre le contraire et se présenter comme l'instrument de la délibération volontaire, seule manifestation de la liberté : en réalité, dit Sartre, « la délibération volontaire est toujours truquée » (L'Être et le Néant), car « quand je délibère, les jeux sont faits » : délibérer c'est en effet choisir de délibérer, avant même toute délibération. Par conséquent, la délibération, quand elle a lieu, arrive toujours en dernier : « il y a [...] un choix de la délibération comme procédé qui m'annoncera ce que je projette, et par suite ce que je suis ». La liberté est donc tout entière dans ce choix originel qui oriente tout choix, quelque forme qu'il prenne finalement. Et la vraie liberté, évitant les nombreux pièges de l'attitude inauthentique, suppose de reconnaître et d'assumer ce caractère originel de l'existence. Voir aussi
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