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l´ analyse littérale
du sujet
- analyse I -

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 l´ analyse littérale du sujet - analyse I - (Version Détail)

édition originale 26-05-2003
actualisée le 08-05-2006
Version :
| Résumé | Détail |

L'analyse critique
      (analyse II)

Les sujets ouverts
      (analyse III)

Analyser le sujet, c'est prendre une sage précaution... Ce premier pas est en effet essentiel pour comprendre le sujet, bien sûr. Mais nous verrons que l'analyse du sujet est également indispensable pour découvrir le problème (donc pour l'introduction), et même pour avoir une première idée de la solution du problème (donc pour la conclusion) ! Il faut donc s'y appliquer très attentivement.
En pratique, on peut procéder en deux temps : ( I ) une analyse littérale du sujet, c'est-à-dire de sa forme, de ses concepts, et de ses domaines d'application. Puis ( II ) une analyse critique de ses présupposés et de ses enjeux. Commençons donc par l'analyse littérale, c'est-à-dire par l'analyse du sens précis de la question : que nous est-il demandé au juste ?

Analyser la forme de l'énoncé

| Résumé | Détail |

A) LA HIERARCHIE DES NOTIONS :

Rappel : Dans le résumé, nous avons suggéré d'analyser la forme du sujet selon le schéma suivant :

NOTION QUESTIONNEE = X.
demande = ( d )
NOTION QUESTIONNANTE = Y.

Ayant pour forme  X ( d )  Y , ce type de sujet se rencontre fréquemment au baccalauréat. Mais...

D'autres structures peuvent apparaître :

  • ENONCES N'IMPLIQUANT QU'UNE SEULE NOTION : ces sujets portent sur une notion unique, qui est donc, bien sûr, la notion questionnée (= X). Leur forme est donc :  X ( d )  .

      Exemples :

      Qu'est-ce que prendre conscience ?
             
      ( d )                          X

      Pourquoi échangeons-nous ?
             ( d )                  X


      Remarquez que la contrepartie de la simplicité formelle de ces sujets est justement... leur complexité : en effet, ne comportant qu'une notion unique, ils sont très "ouverts", et ne suggèrent aucune piste. Nous verrons plus tard comment traiter ce genre de sujet (assez rare au baccalauréat... ouf !).

  • ENONCES IMPLIQUANT DEUX NOTIONS "A EGALITE" : dans ces sujets, on ne peut distinguer une notion questionnée (=X) et une notion questionnante (=Y). Pourtant deux notions − voire plus − sont présentes : il y a donc 2 notions questionnées, c'est-à-dire deux X, et le sujet porte sur leurs relations. Nous pourrions donc coder ce genre de question :  X1 ( d ) X2 .

Exemples :

La liberté et l'égalité s'excluent-elles mutuellement ?
     
X1                X2                             ( d )

Peut-on distinguer désir et besoin ?
       ( d )                         X1            X2 

Remarque : des sujets en apparence très voisins peuvent être rangés dans des catégories différentes. Ainsi, vous souvenez-vous de l'un des sujets proposés en exemple dans la version résumée du présent document ? ...

Nos désirs dérivent-ils de nos besoins ?
       X                   ( d )                       Y

Dans cet exemple, la notion questionnée était bien le désir (la notion de besoin ayant pour fonction d'orienter la réflexion). Dans l'exemple de cette page, au contraire, il s'agit de savoir si l'on peut distinguer désir ET besoin : il n'y a donc pas de notion "dominante" ; les deux notions − désir et besoin − sont interrogées "à égalité".

  • ENONCES IMPLIQUANT DEUX NOTIONS QUESTIONNANTES : cette dernière forme de sujet porte sur une seule notion X, mais 2 notions viennent la questionner.
    Cette forme de sujet propose souvent une alternative, et pourrait donc s'écrire :  X ( d ) Y1 | Y2 
    ...la barre | symbolisant ici le connecteur OU, comme dans "fromage OU dessert"...
Exemples :

La vérité est-elle contraignante ou libératrice ?
       X            ( d )                Y1          |          Y2

S'engager, est-ce perdre ou affirmer sa liberté ?
        X            ( d )         Y1     |         Y2

Bien entendu, dans ce dernier sujet, Y1 est précisément "perdre sa liberté", et Y2 "affirmer sa liberté".

Mais on ne trouve pas, dans cette catégorie, que des alternatives. Ainsi, le sujet suivant implique lui aussi 2 notions questionnantes :

Les échanges marchands peuvent-ils à la fois unir et satisfaire tous les membres
                 
        X                                 ( d )                   Y1  &    Y2             d'une société ?

Dans ce sujet,  Y1 = unir tous les membres d'une société,
et Y2 = satisfaire tous les membres d'une société.

Il s'agit de savoir si X permet à la fois Y1 et Y2.
=>
formule :  X ( d ) Y1 & Y2 
...le symbole & signifiant ici ET, comme dans "fromage ET dessert" : spécial gourmand !

NB : Ne soyez pas effrayés par tous ces « petits symboles ».  Retenez surtout le but de ce travail préalable :  h i é r a r c h i s e r  l e s  n o t i o n s présentes dans l'énoncé, de façon à bien comprendre de quoi il est question, et de quelle façon il en est question.

B) L'ORIENTATION DE LA QUESTION (= la "demande") :

La typologie qu'on vient d'évoquer peut servir de guide pour identifier "l'orientation" de la question.
L'orientation de la question est en effet :

B1 − la façon dont la notion X est interrogée : c'est le cas s'il n'y a qu'une seule notion.
B2 − ou bien le type de relation impliquant X1 et X2 : deux notions étant alors interrogées "à égalité".
B3 − ou bien la façon dont Y interroge X : c'est le cas lorsqu'il y a deux notions, l'une questionnée par l'autre.
B4 − ou encore la façon dont Y1 et Y2 interrogent X : deux notions interrogeant alors la notion centrale.

Exemples (liste non exhaustive !) :

B1 −  X ( d )  :

Qu'est-ce que prendre conscience ? => la demande porte sur l'essence (= la nature) de X.
La connaissance a-t-elle des limites ? => question sur les limites de X.
Peut-on faire la paix ? => question sur la possibilité de X.
D'où viennent nos passions ? => question sur l'origine de X.
Sur quoi la justice est-elle fondée ? => question sur le fondement / la légitimité de X.
A quoi servent les lois ? => question sur la finalité (ou la fonction / la raison d'être) de X.
Comment punir ? => question sur le moyen de X.
L'inutile est-il sans valeur ? => question sur la valeur de X.
Faut-il rester neutre ? => question sur la nécessité (par exemple morale) de X.
...

B2 −  X1 ( d ) X2  :

La liberté et l'égalité s'excluent-elles mutuellement ? => X1 et X2 en exclusion réciproque ?
Peut-on identifier plaisir et bonheur ? => identité / équivalence entre X1 et X2 ?
Qu'en est-il des relations entre l'Etat et l'individu ? => nature de la relation X1 , X2 ?
...

B3 −  X ( d )  Y  :

Nos désirs dérivent-ils de nos besoins ? => X a-t-il Y pour origine ?
Faut-il aimer pour respecter ? => X a-t-il Y pour condition nécessaire ?
Suffit-il de voir pour savoir ? => X a-t-il Y pour condition suffisante ?
L'art est-il un langage ? X est-il identifiable à Y (ou appartenance / inclusion) ?
Peut-on concevoir une société sans art ? => Y peut-il être exclu de X ?
La raison entre-t-elle nécessairement en conflit avec la croyance religieuse ?=> X a-t-il Y pour adversaire / ennemi (obstacle / contradiction / opposition / conflit) ?
En quel sens le passé nous détermine-t-il ? => X est-il déterminé par Y (causalité / déterminisme) ?
L'action ne vise-t-elle que l'efficacité ? => X a-t-il Y pour fin (but / intention) ?
La certitude dépend-elle de la preuve ? => X est-il sous la dépendance de Y ?
...

B4 −  X ( d ) Y1 | Y2  et  X ( d ) Y1 & Y2  :

La vérité est-elle contraignante ou libératrice ? => alternative : X est-il Y1 ou Y2 ?
Est-il dans la nature de la parole d'être à la fois véridique et mensongère ?=> compatibilité / coexistence d'attributs contraires : X est-il Y1 et Y2 ?
...

Remarque finale : Cette dernière forme d'énoncé est relativement peu fréquente à l'examen, mais vous pouvez remarquer que les notions Y1 et Y2 sont des termes "opposés", suggérant ainsi déjà un problème. Voyez, dans les exemples ci-dessus : contraignante / libératrice, puis : véridique / mensongère. Nous pourrons, un peu plus tard, exploiter la particularité de ce type de sujet.


Analyser les concepts impliqués dans l'énoncé

| Résumé | Détail |


Rappel : on entend souvent dire que dans une dissertation de philosophie, les concepts doivent être définis. Cest tout à fait exact, mais au niveau du travail préparatoire, "au brouillon", comme on dit, il ne s'agit que de définir en quelque sorte "naïvement" les concepts impliqués par le sujet. Les deux exemples proposés dans le résumé ont montré qu'un point commun permettait de comprendre les concepts de cette façon. Mais dans d'autres cas, le "lien" entre X et Y peut d'abord sembler relever de l'opposition, de la contradiction... Voyons cela.

Exemple 1 :

La connaissance scientifique abolit-elle toute croyance ?
                             X                            ( d )                Y

Dans ce sujet, les notions semblent en effet se contredire, se heurter : les connaissances scientifiques ne sont pas du tout des croyances. Au contraire. Et inversement : la croyance n'est aucunement une connaissance. On a longtemps cru, par exemple, que la nature avait "horreur du vide". Mais les expériences de Torricelli et de Pascal ont montré la fausseté de cette croyance. Aujourd'hui, seuls les ignorants seraient encore des croyants à ce sujet. Savoir et croire sont donc des termes opposés : nous croyons tant que nous ne savons pas. Le scientifique, quand il fait son métier, suspend son jugement lorsqu'il a à considérer une question dont il ne sait rien. S'il vient à abandonner le devoir de réserve, il ne se prononce donc plus scientifiquement. C'est tout à fait son droit (our parodier Molière, pour être scientifique, on n'en est pas moins homme !). Puisque l'homme, c'est le sujet humain, nous pourrions dire, brièvement, que si la science est objective, la croyance, au contraire, est subjective : pour être scientifique, en effet, une connaissance doit être établie, grâce à des méthodes rigoureuses et reproductibles. Pour le dire autrement : la science est rationnelle, la croyance, au contrraire, est irrationnelle.
Or la question interroge précisément cette opposition entre le rationnel et l'irrationnel. D'où notre étonnement : on pourrait penser, en effet, que le progrès des sciences est de nature à faire reculer les vieilles croyances, et à empêcher l'apparition des nouvelles. Le rationnel chasserait alors "tout naturellement" l'irrationnel... Mais qu'en est-il au juste ?

Remarque : En réalité, il faut bien qu'il y ait "un point commun" entre les notions, même quand elles paraissent a priori "opposées" : en effet, il ne peut y avoir d'opposition, et même de différence, que sur fond de parenté. Ne passerait-il pas pour un fou, celui qui dirait que cette mélodie et cette chaise sont différentes, ou opposées !? En revanche, on parlera de la différence entre le jaune et l'orange, ou de "l'opposition" entre la veille et le sommeil : le jaune et l'orange ont en commun d'être des couleurs, et la veille et le sommeil sont tous deux des états psycho-physiologiques. Dans notre exemple, quel est le "point commun", quelle est la parenté entre les notions impliquées ? Connaissance scientifique et croyance sont toutes deux des modes de représentation : chacune d'elles, en effet, se caractérise comme une certaine façon de se représenter le monde et de s'y rapporter.


Identifier les domaines d'application de l'énoncé

| Résumé | Détail |


L'examen des sujets de dissertation fait apparaître deux types de sujets : les sujets "larges", et les sujets "pointus". Les sujets larges impliquent une multiplicité de domaines. Les sujets pointus, au contraire, n'impliquent directement qu'un seul domaine.

Cette distinction est utile à considérer, mais appelle toutefois des remarques.

Exemple 1 :

Dans quelle mesure peut-on se libérer du passé ?

Il s'agit d'un sujet "large" : dans cet énoncé, en effet, on peut désigner l'individu, le sujet particulier (="moi"), mais aussi la société, la collectivité. D'autre part, ce sujet prend sens dans une foule de domaines : par exemple, pour nous en tenir à l'histoire sociale, la question de la dépendance à l'égard du passé peut être déclinée dans le domaine de l'histoire des mentalités, des moeurs, de la culture au sens large, mais aussi dans le domaine plus étroit de l'histoire des peuples, des nations, dans l'histoire politique, ou encore dans le domaine de l'histoire des sciences, ou de l'histoire de l'art. Pour ce qui est de l'individu, la question prend sens dans le domaine psychologique (il suffit de penser à la psychanalyse, qui montre importance de l'enfance dans la construction de la personnalité, normale ou pathologique), dans le domaine moral (jusqu'à quel point puis-je prétendre être déterminé par mon passé ?), etc.

Exemple 2 :

Toute valeur est-elle relative ?

Là encore, il s'agit d'un sujet "large" : la notion de valeur renvoie en effet aussi bien au domaine moral (= "le bien", "le juste") qu'au domaine de la connaissance (= "le vrai"), ou encore au domaine esthétique (= "le beau").

Exemple 3 :

L'art n'est-il qu'un divertissement ?

Cette fois, il s'agit de ce que l'on pourrait appeler un sujet "pointu" : en effet, ce qui est questionné ici, c'est la fonction / la raison d'être de l'art (=X) : ne sert-il qu'à (=d) nous "divertir" (=Y) ? N'est-il qu'un "amusement" ? Dans une dissertation portant sur ce sujet, il n'est évidemment pas requis de parler politique...

...Pourtant :

Remarque 1 : Si l'art n'a pas pour fonction que le divertissement, il faudra peut-être envisager d'élargir la réflexion (la réflexion, pas le sujet !). Par exemple, on peut soutenir que le beau, dans la mesure où il est l'idéal de l'artiste, est "le symbole du bien moral" (Kant), et dans ce cas on pourra attribuer à l'art une mission morale, ce qui revient à dire que le domaine de l'art n'est pas réductible à "l'esthétique".

Donc il faut bien distinguer les domaines d'application de l'énoncé (c'est-à-dire de la question) et les domaines d'application de la réflexion (c'est-à-dire du développement de la dissertation et de sa conclusion) : un sujet "pointu" peut donc, à la réflexion, impliquer des domaines qui ne sont pas explicitement évoqués dans l'énoncé proprement dit.

Rappelons-nous donc que s'il est vrai qu'il ne faut pas "tout mélanger", il ne faut pas non plus "tout séparer" : ainsi, ce genre de sujet suggère que l'art n'est pas seulement une activité visant à produire un effet esthétique. De même, pour évoquer un autre exemple, la science n'est pas simplement la connaissance vraie : elle a également une place dans des préoccupations pratiques d'ordre technique et social.

Remarque 2 : Inversement, les sujets "larges" ne doivent pas inviter à des énumérations (dans tel domaine..., puis dans tel autre domaine..., etc.). Dans ce genre de sujets, il est vrai, on se dit d'abord qu' "il y a beaucoup de choses à dire", juste avant d'en venir à penser qu' "il y a beaucoup trop de choses à dire"... Pourtant, nous ne devons pas nous laisser envahir par la diversité des domaines d'application du sujet. Cette richesse de sens doit être mise à profit en recourant à un ordre, ce que nous examinerons prochainement.

 

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