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 Le commentaire (Version Résumé)

édition originale 21-01-2004
actualisée le 10-03-2005
Version :
| Résumé |

La dissertation

Le commentaire

Qu'est-ce qu'un commentaire de texte ? Que s'agit-il de faire ? Que faut-il éviter de faire ? Ce sont des questions qui, pour générales, n'en sont pas moins essentielles. Mais vous vous posez probablement d'autres questions, plus "pointues", comme par exemple : comment faire une introduction ? Comment expliquer le texte sans le paraphraser ? Faut-il, à un moment ou à un autre, prendre position, ou au contraire, rester "neutre" ? Toutes ces questions seront abordées ici, avec d'autres, auxquelles vous n'aviez peut-être pas pensé...

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Que s'agit-il de faire ? [ Les exigences du commentaire ]

| Résumé |

 

 + < 1.1 > Qu'est-ce qui caractérise un texte philosophique ?

Il faut se rappeler que la philosophie n'est pas l'opinion : le texte qui est soumis à votre examen n'expose pas en effet une opinion, un avis personnel, mais une thèse philosophique, qu'il s'agit d'identifier, mais aussi dont il s'agit de saisir précisément l'argumentation. Celle-ci a pour but de fonder la thèse en raison afin de traiter un problème philosophique. Par contraste, on remarquera que l'opinion ignore presque toujours les problèmes, et est rarement assortie d'arguments solides et cohérents. 

Tout texte philosophique peut être représenté selon ce schéma : ..mais remarquez que votre travail consiste à REMONTER de la thèse au problème :

Argumentation

(Problème)
en amont du texte

Thèse

(Problème)


Thèse

= le problème abordé par l'auteur... = la "solution" du problème dans le texte.
Fig. 1 Fig. 2

NOTE : La figure 1 ne préjuge évidemment pas de l'endroit du texte où est formulée la thèse, qui peut très bien, par exemple − et comme c'est souvent le cas − être énoncée dès la première phrase.

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 + < 1.2 > Pourquoi le texte doit-il être expliqué ?

Bonne question ! On pourrait en effet penser que puisque le texte énonce une thèse argumentée (voir ci-dessus), il est inutile de l'expliquer : l'argumentation, en effet, n'a-t-elle pas valeur d'explication ? Dès lors, si l'auteur "s'explique" lui-même, à quoi bon expliquer le texte ?
Pourtant, "l'explication" fournie par l'auteur doit être expliquée ! Voici pourquoi :

  1. Il faut montrer qu'on a compris : il est évident, en effet, qu'il ne saurait suffire de prétendre qu'on a bien identifié la thèse et l'argumentation, qu'on a correctement compris l'une et l'autre. Encore faut-il le montrer. Pour cela, il faut être attentif à la totalité du texte : hiérarchie des propositions, concepts mobilisés, logique de l'argumentation,...

  2. Tout n'est pas explicitement dit : l'auteur n'énonce pas nécessairement son idée et ses arguments de façon très explicite. Cela peut tenir à son style, mais aussi au fait que l'extrait à étudié est aussi dense que bref. Il faut donc "lire entre les lignes", c'est-à-dire expliciter ce qui est énoncé, de la façon la plus détaillée possible : pensez donc que votre correcteur est intelligent (si si !), capable de "suivre" un raisonnement complexe... mais entièrement ignorant, non seulement de l'auteur, de son oeuvre et de l'extrait étudié, mais aussi de ce qu'il convient d'admettre pour que l'ensemble "se tienne" : expliquer c'est "développer" ce qui est "enveloppé" dans le discours. Les "raccourcis" de la pensée, les présupposés implicites de l'argumentation, ainsi que les concepts clés, rien de tout cela ne peut et ne doit rester obscur ou secret : il faut donc tout dire, du moins tout ce qui est nécessaire pour que l'ensemble, comme nous le disions, "se tienne" !

  3. Le problème doit être dévoilé : du fait de la brièveté de l'extrait proposé, le problème ne se trouve généralement pas explicitement formulé. Identifier le problème, voilà donc encore une bonne raison de faire un travail d'explication. Rappelons ici brièvement ce qu'est un problème philosophique : une alternative embarrassante entre deux thèses, deux opinions. En d'autres termes, toute thèse philosophique doit, bien entendue, être vue comme affirmation d'une idée, d'une position, d'une valeur, etc., mais aussi comme contestation et réfutation d'une autre idée, d'une autre position, d'une autre valeur. Cette "antithèse" est parfois énoncée explicitement, mais elle n'est souvent que suggérée, voire évoquée à demi-mots. La découvrir et la formuler, c'est encore l'oeuvre de l'explication.

  4. Enfin, l'explication est nécessaire au commentaire : si en effet le texte n'est pas vraiment expliqué, si ce qui est manifestement difficile n'est pas affronté, si ce qui est implicite n'est pas explicité, et si le problème n'est pas identifié, le commentaire proprement dit, c'est-à-dire l'évaluation de l'intérêt philosophique du texte, devient impossible [voir plus bas]. Rappelez-vous que le but de l'exercice n'est pas de "comprendre (ce que dit) l'auteur", mais de penser un problème philosophique en prenant appui sur l'explication − qui n'est donc qu'un moyen, non une fin.

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 + < 1.3 > Que veut donc dire expliquer un texte philosophique ?

Il vient en quelque sorte d'être répondu à cette question. Reprenons ces réponses de façon systématique. L'explication doit découvrir :

  1. La thèse : il s'agit de l'affirmation la plus élevée du texte, celle qui est établie et en vue de laquelle est construite l'argumentation. Identifier la thèse suppose donc de reconnaître la hiérarchie des propositions contenues dans le texte, ce qui, à son tour, exige une bonne compréhension de l'ensemble.

  2. L'argumentation de la thèse : il faut être ici particulièrement attentif à la logique qui présente la thèse comme valable. Là encore, cette logique ne peut être découverte en considérant chaque proposition isolément : l'argumentation doit être vue comme un cheminement ordonné comportant des étapes. De même, les notions qui apparaissent au cours de l'argumentation ne sont jamais à considérer séparément les unes des autres. L'explication de l'argumentation doit donc viser à démêler l'écheveau des significations conceptuelles aussi bien que la trame (encore un mot emprunté à l'industrie texte) des liens logiques.
     
    NOTE : PLUTÔT QUE DE "PARTIES" du texte, il vaudrait mieux parler de moments du mouvement argumentatif : un texte philosophique est en effet organisé selon une progression calculée, selon un objectif déterminé, mais toujours dans la cohérence. C'est cette cohérence qu'il s'agit de retrouver à travers la progression textuelle.

  3. Le problème dont la thèse prétend être la solution : il faut concevoir le problème comme le point de départ du texte. C'est lui en effet qui "appelle" une solution, c'est-à-dire la thèse. Il y a problème dès l'instant où deux façons de penser sont en compétition, chacune revendiquant son bon droit, c'est-à-dire ses raisons. L'explication vise alors à montrer comment l'auteur opère son choix : en éliminant l'une des deux façons de penser et en démontrant la valeur de l'autre, ou bien renvoyant dos à dos les deux façons de penser et en montrant qu'une troisième thèse est à faire valoir.

    REMARQUE : NE PAS CONFONDRE ce problème, qui est l'embarras dont le texte se présente comme la solution, avec l'éventuel problème engendré par la position adoptée par l'auteur. Le problème que nous évoquons ici est en quelque sorte antérieur à la position adoptée puisqu'il l'appelle. Nous le notons "problème 1" dans le schéma ci-dessous, pour le distinguer du "problème 2" qui résulte du texte (et que nous évoquerons plus bas au sujet du commentaire proprement dit) :

Argumentation

(Problème 1)
 
en amont du texte


Thèse

....... 

(Problème 2)
 
engendré par la thèse

= le problème abordé par l'auteur... = la "solution" proposée par l'auteur dans le texte. = un problème découlant (éventuellement)
de la thèse.

à évoquer dès l'introduction

à soulever dans la partie commentaire

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 + < 1.4 > Dans quel esprit faut-il alors expliquer le texte ?

De ce qui précède résultent quelques règles d'or, qui, d'ailleurs se recoupent. Elles ne sont certes pas toujours faciles à respecter (il faut s'entraîner), mais elles sont pourtant faciles à comprendre et à admettre :

  1. Restez fidèle au texte : ne jugez pas le texte (ou l'auteur). Vous devez abandonner vos a priori, si vous en avez, notamment concernant l'affirmation centrale du texte (= la thèse). Dites-vous que le texte énonce une thèse argumentée, non une simple opinion, une impression subjective, un simple avis personnel sans fondement, et tâchez d'examiner le texte avec honnêteté, le plus objectivement possible.

    • Défauts évités : les "explications" contestataires − ou, au contraire, purement élogieuses ("l'auteur expose merveilleusement bien son idée...").

  2. Rendez raison de ce que dit l'auteur et de l'interprétation que vous en donnez. Surtout : n'esquivez pas les difficultés présentes dans le texte : il est commun de lire des explications qui se contentent de résumer vaguement le texte, en omettant tout ce qui est "difficile" (à comprendre et / ou à expliquer). Usez de logique : l'argumentation doit paraître "se tenir", c'est-à-dire être cohérente et présenter un caractère nettement démonstratif. Si vous ne faites pas ce travail de "reconstitution", vous produirez, au mieux, une paraphrase du texte. Or ,une paraphrase, même correcte, du texte, n'est pas une explication : expliquer un texte ne signifie ni résumer ni reformuler les propos de son auteur. Rappelez-vous de cette règle simple : il s'agit de dire pourquoi l'auteur dit ce qu'il dit. C'est précisément ce que signifie rendre raison du texte. Cela ne veut pas dire donner raison au texte, mais seulement expliquer vraiment le texte en tâchant d'en justifier les propositions.

    • Défauts évités : les explications incomplètes, superficielles, ne rendant pas compte du mouvement argumentatif ("l'auteur dit ceci, puis il dit cela..."), comme si l'auteur répondait à un sondage d'opinion. Dans le pire des cas, ces pseudo-explications du texte donnent des explications fausses de la pensée de l'auteur − notamment par omissions d'éléments importants, par déformation des propos, etc., et cela jusqu'au contresens total.

  3. Entrez dans le texte : le texte doit être expliqué de l'intérieur. Un peu comme si vous l'écriviez vous-même : efforcez-vous d'accompagner la démarche de l'auteur au plus près. Pour cela, procédez de façon interrogative [ voir détails plus loin ].

    • Défauts évités : les explications "indifférentes" aux propos de l'auteur, "abstraites" − comme si l'auteur ne faisait qu'aligner des mots sans se référer à la réalité (le "référent"), incapables de percevoir les enjeux impliqués par la thèse.

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 + < 1.5 > Comment distinguer explication et commentaire ?

Excellente question ! Mais réponse délicate...

Au baccalauréat (séries générales), la consigne accompagnant l'extrait ne semble pas demander qu'un commentaire soit produit. Cette apparence est trompeuse : votre correcteur risque en effet d'estimer votre travail philosophiquement incomplet. Cependant, il n'est pas question de vous demander d'ajouter une dissertation à votre explication l De quoi s'agit-il donc ? Que faut-il entendre par commentaire ?

En quelques mots : alors que l'explication "accompagne" de l'intérieur la démarche de l'auteur, le commentaire en propose une vue pour ainsi dire extérieure. Il s'agit en effet d'évaluer l'intérêt philosophique du texte, ce qui suppose un minimum de recul : Quel est l'enjeu (théorique et / ou pratique) du texte, c'est-à-dire dans quelle mesure l'extrait étudié permet-il de mieux penser et / ou d'agir ? Quel prolongement peut-on ou devrait-on donner au texte ?

La position de l'auteur peut aussi faire l'objet de rapprochements ou, au contraire, être explicitée comme opposée à celle d'un autre auteur... Mais, le plus souvent, il suffit de prendre la mesure de la distance qui sépare la thèse philosophique de l'opinion commune (par nature non philosophique) : en quel sens et de quelle façon la corrige-t-elle ? Comment s'en démarque-t-elle, et quel gain en pouvons-nous tirer ?

Pour finir, le commentaire peut être explicitement critique... mais soyez alors très prudent.! Il faut être"sûr de son coup" pour s'en prendre à Platon ou à Hegel !

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Comment procéder ? [ Le travail préparatoire ou brouillon ]

| Résumé |

 

 + < 2.1 > Pas de panique !

En première lecture, le contact avec le texte pourra vous paraître rude... Ne vous découragez pas : dites-vous que même un bon lecteur doit relire le texte plusieurs fois afin d'en saisir toutes les nuances ! Tâchez de vous dire que l'auteur n'a pas voulu que vous vous "preniez la tête", mais qu'il y a de sérieuses raisons pour que ses propos paraissent d'abord obscurs, à vous comme à tout un chacun... même à votre professeur :-)

Considérez notamment :

  • Qu'il s'agit d'un extrait => vous n'avez pas connaissance de l'oeuvre ni de son contexte ; vous n'avez pas non plus la possibilité de lire les lignes précédant immédiatement l'extrait, ni d'ailleurs celles qui suivent. Dites-vous que vous seriez peut-être désorienté d'une autre façon si vous disposiez de ces éléments...

  • Que cet extrait est écrit par un grand philosophe => cet auteur a pesé chaque mot, chaque phrase, en prenant soin de tenir compte de lecteurs exigeants, peut-être d'abord hostiles à son idée, et qui pour les rallier à sa pensée a mobilisé une argumentation qui n'est peut-être pas facile à comprendre sans efforts, mais qui est logique. Il n'est donc pas étonnant que le texte "résiste" à la première lecture. Souvenez-vous de la dernière phrase de l'Ethique de Spinoza : "Tout ce qui est très précieux est aussi difficile que rare".

  • Que ce philosophe écrivait dans sa langue, il y a peut-être des siècles de cela => la langue de Rousseau, bien que proche de la nôtre, est néanmoins celle d'un auteur du XVIIIe siècle. Il faut donc tenir compte des difficultés engendrées par cet écart.

Toutes ces raisons (et sans doute d'autres), même un "spécialiste" doit les surmonter... Donc pas de panique !

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 + < 2.2 > Bien commencer avec le texte

Que signifie donc bien lire un texte philosophique ? Là encore, il n'y a pas de "recettes miracles", mais des méthodes :

  1. En premier lieu : puisque le texte est, en fait, un extrait de texte, vous devez supposer qu'il a été soigneusement découpé, non seulement pour être accessible à un élève de votre niveau et de votre série, mais aussi − et c'est ce qui est important ici − de façon à former un tout, ce qui implique, notamment, que la première phrase et la dernière phrase (la première surtout, à vrai dire) doivent être lues avec beaucoup d'attention : ainsi, il n'est pas du tout anormal de passer beaucoup de temps sur les premières lignes du texte. C'est la condition pour comprendre la suite, et donc le texte dans son ensemble.

  2. En second lieu : puisque le texte est argumentatif, il faut sans trop attendre repérer les "mots de liaison", et notamment tout l'attirail des connecteurs logiques (donc, mais, en effet, parce que, ...) et des formules introductives (on dit que, je veux dire, ...). Ces marqueurs sont essentiels pour saisir l'extrait comme un tout logique.

  3. En troisième lieu : puisque le texte est philosophique, il faut − là aussi sans trop tarder − repérer les termes qui véhiculent les concepts clés du texte. Les mots clés donnés en tête des extraits disponibles dans Philia peuvent donner une idée de ce qu'il convient de relever (exemple : ce texte de Hegel, que nous analyserons un peu plus loin).

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 + < 2.3 > Un peu d'organisation

Avant d'aller plus loin, il est recommandé de s'organiser sur le plan pratique. Voici quelques suggestions pour utiliser...

  1. Le document :

    1. Repérages : numérotez les lignes (avec un pas de 5, c'est suffisant). Placez une barre oblique après chaque point (ce qui permet de renforcer visuellement le découpage en phrases et ainsi de gagner du temps). Eventuellement, numérotez aussi les phrases.

    2. N'utilisez pas les surligneurs à l'excès. Il vaut mieux utiliser un crayon, en utilisant des "codes". Par exemple : entourez les connecteurs logiques les plus importants, soulignez les concepts clés (vous pouvez aussi les relier au travers du texte). Mais ne soulignez pas tout ! Au besoin, utilisez plusieurs types de soulignements : souligné en continu, en pointillés, en "vagues", etc. afin de différencier des champs lexicaux, ou des termes en opposition.

  2. Le brouillon :

    1. Il vaut mieux ne pas utiliser les deux faces (recto et verso) de vos feuilles de brouillon : vous vous y retrouverez mieux et sans perte de temps. Utilisez par exemple une feuille sur laquelle vous rechercherez la structure du texte (avec, pour chaque "partie" du texte, le n° du paragraphe, les n° des lignes concernées, un titre, plus quelques lignes pour indiquer le contenu). Puis une autre feuille, que vous réserverez à la formulation du problème et au schéma de l'introduction. Etc.

    2. Abandonnez votre mauvaise habitude de tout rédiger au brouillon. C'est une mauvaise habitude, car vous allez passer beaucoup de temps à... recopier ce que vous avez déjà écrit. Economisez votre énergie, et apprenez à mieux gérer votre temps : si votre brouillon est en ordre, si vous procédez avec méthode, il sera toujours temps de rédiger, directement sur votre copie définitive. Quelques concessions sont bien sûr possibles, voire nécessaires : on peut rédiger certains passages au brouillon, comme l'introduction du devoir, ou encore les transitions, ainsi que certaines explications difficiles. Mais ne rédigez pas tout : vous vous y "retrouverez" en fin de compte.

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 + < 2.4 > Inventorier les difficultés

Il est recommandé de faire un relevé, au brouillon, de toutes les difficultés rencontrées à la lecture de l'extrait considéré. Surtout, veillez à n'en oublier aucune : il est fréquent de lire des copies qui "n'expliquent" que les passages les plus clairs... Or (1°) le texte ainsi tronqué risque d'être mal compris, et bien sûr (2°) votre correcteur vous "attend aux tournants" !

Dans un texte philosophique, les difficultés sont essentiellement de deux ordres :

  1. Difficultés liées à la forme => vocabulaire utilisé, phrases complexes...

  2. Difficultés liées aux idées => caractère paradoxal de la thèse, complexité de l'argumentation...

Voyez ci-dessous quelques conseils pour les résoudre.

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 + < 2.5 > Résoudre les difficultés liées à la forme

Résoudre les difficultés formelles permet très souvent de comprendre le "fond", c'est-à-dire aide à comprendre tout ce qu'il y a à comprendre.

  1. Le vocabulaire : Dans un texte de type bac, il ne doit pas y avoir de termes trop techniques. Les difficultés de vocabulaire ne tiennent donc pas, en principe, au jargon philosophique : si un terme technique est malgré tout présent − par exemple ascétisme, réification, il sera expliqué dans une note. Il en est de même pour les termes rares ou entrés en désuétude − par exemple fortune (dans le sens de puissance censée distribuer le bonheur et le malheur), ou libéralités (dons généreux). En revanche, les mots du français courant ne seront évidemment pas définis, non plus que les termes couramment usités en philosophie − par exemple histoire, légitimité... Concrètement, vous devez être capable de définir les termes clés du texte. Mais souvenez-vous que les mots n'ont de sens que dans le contexte de l'extrait étudié. Par exemple, la vertu est la disposition à bien agir, mais ce mot est parfois employé dans un sens plus littéral (proche de son étymologie latine, qui renvoie à l'idée de force, de puissance, de pouvoir) − ce pourrait être le cas par exemple dans un texte d'Aristote, de Machiavel, de Spinoza... Il faut donc procéder avec prudence : le sens des mots donnent sens au texte, mais seul le contexte permet de savoir quel est ce sens. Un conseil : faites des hypothèses, et vérifiez-les en prenant appui sur les indices présents dans le texte.

  2. Les phrases : Le même conseil (hypothèses à vérifier) s'applique ici.

    • Soyez particulièrement attentif aux liens entre les phrases et, à l'intérieur de chaque phrase, entre les fragments qui la composent : ces liens ne sont pas seulement logiques, ils sont aussi, tout simplement, "sémantiques". A cet égard, demandez-vous toujours à quoi (= à quels noms) renvoient les pronoms il, elle, lui, le, la, les... De même, les mots appartenant au même champ lexical permettent souvent de "suivre le fil" des propos.

    • Pour les phrases longues, comportant des relatives et / ou des incises, n'hésitez pas à faire un schéma au brouillon : par exemple, en les recopiant partiellement, en prenant soin de placer les pronoms relatifs sous les termes auxquels ils renvoient. Avec un peu d'habitude, ce schéma se fait mentalement, mais si vous débutez, mieux vaut s'appliquer à le faire par écrit chaque fois que la complexité le requiert.

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 + < 2.6 > Résoudre les difficultés tenant au fond

Rappelons que résoudre les difficultés formelles permet très souvent de comprendre le "fond". Malgré tout, le fond ne se déduit jamais complètement de la forme. Ainsi, peut-on "comprendre" chaque phrase du texte sans vraiment comprendre le texte − ce qui donne des "explications" du genre : l'auteur dit que... puis il dit que... et enfin il conclut que... qui ne sont pas du tout satisfaisantes. Pour éviter la paraphrase, il faut donc avoir compris le texte, c'est-à-dire d'abord la thèse et son argumentation :

  1. La thèse : Rappelons que la thèse est l'affirmation centrale (ou l'affirmation "la plus haute") du texte.
    • Identifier la thèse : [1] La thèse étant une proposition ne peut donc être donnée en un seul mot : ne confondez pas la thèse et le thème. [2] La thèse est en principe une affirmation, non une négation. [3] Plus exactement, la thèse est l'affirmation centrale du texte, c'est-à-dire ce que l'auteur veut établir, et non un argument en vue de cette affirmation. [4] La thèse peut être donnée dès la première phrase, la suite du texte constituant alors son argumentation. Elle peut aussi n'apparaître qu'à la fin de l'extrait, comme conclusion d'une analyse. Enfin, elle peut aussi ne pas être localisée, et résulter de l'ensemble du texte. Là encore des hypothèses sont parfois nécessaires afin de s'assurer qu'on l'a correctement identifiée.

    • Comprendre vraiment la thèse : [1] notez votre réaction dès que vous l'aurez isolée : vous paraît-elle banale, ou au contraire paradoxale, voire extraordinaire ou étrange ? Conforte-t-elle votre sentiment ou au contraire le contrarie-t-elle ? Il est inévitable d'avoir une telle réaction, qui est utilisable par la suite, dans le commentaire proprement dit. Il faudra toutefois décider de ne pas s'en tenir à cette réaction affective : rappelez-vous qu'il s'agit d'un texte argumentatif ! Vous ne pouvez donc pas légitimement séparer appréciation de la thèse et évaluation critique de l'argumentation. [2] Pour vous y aider, notez au brouillon à quelle autre thèse la position de l'auteur s'oppose − ce qui vous sera utile aussi très bientôt pour formuler le problème traité.
  1. L'argumentation : Vous disposez déjà, en principe, de tous les outils nécessaires à la "reconstitution" de l'argumentation. Il faut seulement vous assurer de la cohérence et de la progression logiques conduisant à la thèse. Attention : l'argumentation est parfois implicite ! A vous de l'expliciter entièrement. D'autre part, il faut entendre ici par argumentation tous les procédés de validation de la thèse, qui se réduisent rarement à la démonstration : observez aussi les images, les métaphores, les illustrations, etc. Quelques conseils ci-dessous :

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 + < 2.7 > Reconstituer la logique de l'argumentation

Sur votre brouillon, vous devez aboutir à un schéma faisant apparaître les différents moments logiques de l'argumentation ("parties" et "sous-parties"). Il est inutile de rédiger une explication détaillée de ce schéma au brouillon : ce sera l'affaire de la rédaction définitive. Une fois terminé, ce schéma devrait donc tenir sur une page au maximum.

Nous conseillons ainsi, pour chaque moment logique, de noter :

  • le numéro d'ordre (1, 2, 3 pour les "parties", et a, b , c pour les éventuelles "sous-parties").
  • les numéros de lignes concernées.
  • un titre souligné indiquant la "fonction" de chaque moment de l'argumentation : définition, explication, justification, illustration, précision, critique de l'opinion commune, ...
  • une indication sommaire (non souligné, indiquée dans l'exemple qui suit en italiques) résumant le contenu (quasi paraphrase de l'essentiel de l'argument).

Exemple de schéma logique d'un texte de Hegel :


1) Qualification correcte de l'état de nature (ligne 1) : l'état de nature est caractérisé par la « rudesse », la « violence », l'« injustice ».
2) Thèse qui en résulte (l. 1-3) : les hommes doivent donc quitter sans regret l'état de nature. Comment ? En constituant « une société qui soit un Etat » (=> nécessité de lois instituées). C'est la thèse de l'auteur.
3) Justification approfondie de ce résultat (l. 4-12) :
   a)  Enoncé de l'opinion commune au sujet de l'état de nature (l. 4-5) : selon cette opinion, l'état de nature serait un état de perfection, une sorte de paradis.
   b) Critique de cette représentation naïve (l. 5-12). En effet :
     b1) l. 5-7 : l'innocence naturelle n'est pas la bonté ; elle est amorale.
     b2) l. 7-12 : l'état de nature n'est même pas une condition où l'homme pourrait être innocent (argumentation complexe, à détailler).
4) Réaffirmation de la thèse (l. 12-14) faisant apparaître la nécessité de quitter l'état de nature pour accéder à l'état de droit, seul capable de garantir un ordre pacifique « où prédomine le vouloir raisonnable ».


Noter l'importance, dans un tel schéma, de faire apparaître distinctement le "fil conducteur" : ainsi, dans notre exemple, la thèse ("partie 2") est énoncée comme résultant de l'idée correcte de l'état de nature ("partie 1"). De même, la "partie 3" est présentée comme la justification de la thèse ("partie 2"), ou plutôt comme la justification du lien entre la "partie 1" et la "partie 2".

De même encore, l'énoncé de l'opinion commune au sujet de l'état de nature ("3a"), présentée comme l'antithèse de "1", est critiquée par toute la dernière partie du texte ("3b") : trouver ce "fil conducteur", c'est donc, à l'évidence, comprendre vraiment la logique de la pensée de l'auteur... Plus rien à voir, donc, avec les paraphrases du genre : Hegel dit que l'état de nature..., puis (!?) il dit que l'homme doit quitter cet état, etc.

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 + < 2.8 > Formuler le problème

Vous êtes presque au bout de vos peines ! Mais avant de procéder à l'évaluation de l'intérêt philosophique du texte, il faut identifier et formuler le problème abordé.

Rappelez-vous que l'extrait étudié a été "découpé" de telle sorte qu'il traite un problème philosophique, dont la résolution constitue la thèse. Vous avez la thèse (voir ci-dessus, §. 2.6), il faut maintenant remonter au problème dont elle constitue la solution (relire éventuellement ci-dessus le §. 1.3).

Pour vous y aider, souvenez-vous que la thèse est une affirmation, et que toute affirmation peut être niée, contestée, ou, ce qui revient au même, peut être la négation ou la contestation d'une autre thèse (revoir à ce propos le §. 2.6-a).

Cette "antithèse" est parfois explicitement mentionnée dans le texte. C'est le cas dans le texte de Hegel que nous avons pris en exemple (voir §. 2.7, ci-dessus) : Hegel affirme − c'est sa thèse − que l'état de nature est caractérisé par la « rudesse », la « violence », l'« injustice »... CONTRE l'idée, qu'il juge naîve, d'un état de nature pacifique, un état de perfection, une sorte de paradis perdu dont on pourrait regretter la disparition et qu'il faudrait tâcher de recréer.

Le problème peut donc maintenant être formulé : On se représente communément l'état de nature comme un état qui aurait permis − et permettrait encore, si l'on se donnait la peine de le reconstituer − d'être en paix, libre et heureux (thèse A). Mais la nature est-elle si généreuse avec l'homme ? Ne faut-il pas au contraire considérer que l'humanité ne peut se réaliser que si elle quitte l'état de nature ? Selon Hegel, l'état de nature est un état de guerre, un état malheureux, un état dans lequel l'homme est aliéné, bref un état hautement imparfait, qu'il convient donc de dépasser − notamment par l'institution de l'Etat et du droit (thèse B). Qu'en est-il au juste ? L'homme peut-il se réaliser naturellement, sans l'aide des institutions sociales et politiques, ou bien faut-il convenir, avec l'auteur, que nous n'avons pas à regretter cet état de nature que l'opinion commune nostalgique nous dépeint pourtant avec tant d'enthousiasme ?

...Nous avons souligné, dans cette formulation, les "marqueurs" caractéristiques articulant le caractère problématique de la question à laquelle le texte s'efforce d'apporter une réponse : formulation d'un doute (« mais ») concernant la valeur de la thèse A. Puis énoncé de la thèse B (« au contraire »). Et enfin formulation du problème sous la forme d'une alternative (« ou bien »).

NB 1 : Bien entendu, la thèse "A" peut n'être qu'implicitement contestée. C'est même, semble-t-il, le cas le plus fréquent dans les brefs extraits proposés au baccalauréat.

NB 2 : Remarquer aussi qu'il arrive − bien plus rarement il est vrai − que l'auteur propose une thèse "C". Dans de tels textes, l'auteur s'en prend à la fois à deux thèses ("A" et "B"), qu'il renvoie en quelque sorte dos à dos, de sorte que le texte constitue une sorte de micro-dissertation !

NB 3 : Sur votre brouillon, le problème pourrait être formulé de façon plus schématique que dans notre exemple. A vrai dire, ce que nous vous avons proposé ci-dessus est déjà une introduction rédigée...

A LIRE ABSOLUMENT, si ce n'est déjà fait : la notion de problème philosophique. Et si ce n'est toujours pas très clair pour vous : l'analyse du sujet.

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 + < 2.9 > Evaluer l'intérêt philosophique du texte

RAPPEL IMPORTANT : Ce travail d'évaluation ne peut (évidemment ?) être fait qu'en dernier : cf. notre mise en garde en 1.4.1. Si vous vous demandez "ce qu'il faut dire" pour commenter le texte, c'est probablement parce que vous n'avez pas suffisamment exploité et expliqué le texte, et / ou parce que vous n'avez pas vraiment identifié le problème qu'il entend résoudre...

Les tâches qui incombent au commentaire sont multiples (voir le §. 1.5 plus haut) : quels sont les enjeux du texte ? Quel prolongement peut-on ou devrait-on donner à la pensée de l'auteur ? La position de l'auteur peut aussi faire l'objet de rapprochements ou, au contraire, être explicitée comme opposée à celle d'un autre auteur, ou, plus classiquement, à l'opinion commune (par nature non philosophique).

Comment procéder (toujours au brouillon) ?

  • Les enjeux : dans quelle mesure l'extrait étudié permet-il de mieux penser et / ou d'agir ? Il s'agit, littéralement, de déterminer "ce qui est en jeu", c'est-à-dire ce que l'on peut "gagner" (ou "perdre") en adoptant la pensée développée par l'auteur. L'enjeu peut être "théorique" : il s'agit alors d'évaluer ce que le texte peut apporter à la pensée (à notre pensée !), voire à la connaissance. L'enjeu peut aussi être d'ordre "pratique", et il s'agit alors d'évaluer de quelle façon et jusqu'à quel point la pensée développée par l'auteur est susceptible de modifier notre conduite, de l'éclairer, de l'améliorer, etc. Le plus souvent, l'enjeu théorique a une incidence directe sur l'enjeu pratique, de sorte qu'on ne peut les considérer isolément : par exemple, un remaniement important de l'idée de liberté (enjeu théorique) doit entraîner une redéfinition de l'action libre (enjeu pratique).

    POUR DECOUVRIR LES ENJEUX => Considérez de quelle façon l'auteur "dénoue" le problème. Dans quelle mesure sa pensée s'écarte-t-elle de la vôtre / de l'opinion commune / de celle d'autres philosophes [ seulement si vous en avez une connaissance suffisante ! ]. Quel(s) risque(s) permet-elle ainsi d'éviter ? Quel bénéfice peut-on alors en retirer ?

  • Les prolongements possibles : aussi précieuse soit-elle, la pensée de l'auteur, dans un extrait aussi bref, ne peut jamais être considérée comme complète. Quels prolongements peut-on alors proposer pour qu'elle soit tout à fait cohérente ? Quels présupposés faut-il admettre pour la soutenir ?

    POUR ENVISAGER CES PROLONGEMENTS POSSIBLES => Relevez les points qui vous paraissent devoir être éclaircis. Veillez surtout à ne pas vous interroger sur des aspects qui sont déjà envisagés dans le texte ! Ne multipliez pas inutilement les questions, au risque de produire un travail désordonné ou trop éloigné des propos de l'auteur. Et efforcez-vous d'ordonner votre questionnement de manière cohérente, en particulier en évitant les répétitions.

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A quoi ressemblera finalement le devoir ? [ La rédaction définitive ]

| Résumé |

 

 + < 3.1 > L'introduction

Pour rédiger votre introduction, vous devez avoir sous les yeux votre brouillon comportant la formulation du problème et de celle de la thèse.

L'introduction du commentaire peut ressembler à l'introduction de la dissertation, à ceci près que vous devrez formuler aussi la thèse soutenue dans le texte étudié.

Au minimum, vous devez :

  1. D'abord présenter le problème ( voir <2.8> ci-dessus, ainsi que les conseils de méthode pour la formulation du problème ).
  2. Ensuite indiquer la thèse de l'auteur comme solution du problème (voir <2.6>).

Vous pouvez aussi déjà souligner brièvement l'enjeu (ou les enjeux) du texte (voir <2.9>).

Enfin, il est encore possible de terminer en indiquant la structure argumentative du texte (voir <2.7>).

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 + < 3.2 > Le corps du devoir

Pour rédiger le corps du devoir, vous devez avoir sous les yeux votre brouillon comportant le schéma de la structure argumentative du texte (voir <2.7> ci-dessus) ainsi que tous les éléments nécessaires à l'explication détaillée (voir <2.4> à <2.6>) et les éléments d'évaluation de l'intérêt philosophique du texte (voir <2.9>).

Si ce n'est déjà fait (voir <3.1> ci-dessus), commencez par indiquer la structure argumentative du texte (voir <2.7>). Un bref paragraphe doit suffire pour ce "panorama" de l'ordre des idées.

Ensuite, vous pouvez :

  1. Soit procéder en deux temps, en commençant par l'analyse détaillée du texte, et en terminant par une partie commentaire.

  2. Soit souligner l'intérêt philosophique du texte au fur et à mesure de l'explication.

Les deux méthodes sont acceptables. Chacune d'elles présente des avantages et des inconvénients. Ainsi, la méthode 1 a l'avantage d'éviter que votre correcteur ne se demande sans cesse si vous expliquez le texte ou si vous le commentez... mais elle peut aboutir à un résultat assez artificiel, ou vous faire courir le risque de vous répéter. La méthode 2 demande probablement une bonne maîtrise rédactionnelle de façon à éviter que votre correcteur ne s'interroge sur ce que vous faites (expliquer ou commenter), mais elle peut fournir un résultat plus "fluide".

Si vous optez pour la méthode 1, vous pouvez procéder à une évaluation globale du texte et / ou à une évaluation des points les plus importants (deux ou trois) du texte.

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 + < 3.3 > La conclusion

Pour rédiger la conclusion, vous devez avoir sous les yeux votre introduction. La conclusion doit en effet proposer un bilan concernant la façon dont le problème (voir <2.8>) formulé dans l'introduction (voir <3.1>).

Toutefois, elle peut aussi gagner à tenir compte des problèmes que vous avez soulevés. Sur la distinction entre problème soulevé par l'auteur et problème engendré par la position adoptée par l'auteur, voir <1.3.3> (Remarque).

Pour imprimer − à l'oeil − ces conseils de méthode, cliquez le "regard" en haut de page



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