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édition originale 16-03-2003
actualisée le 12-05-2008

L'avenir d'une illusion (texte de Freud)...
08/02/2006

De Babs le 08/02 : "Je dois réaliser le commentaire philosophique d'un extrait de L'avenir d'une illusion de Freud, mais j'éprouve quelques difficultés pour mettre au point un plan et comprendre la thèse qu'il défend :

Ces idées (les idées religieuses) qui professent d'être des dogmes, ne sont pas le résidu de l'expérience ou le résultat final de la réflexion : elles sont des illusions, la réalisation des désirs les plus anciens, les plus forts, les plus pressants de l'humanité ; le secret de leur force est la force de ces désirs.
Quand je dis : tout cela, ce sont des illusions, il me faut délimiter le sens de ce terme. Une illusion n'est pas la même chose qu'une erreur, une illusion n'est pas non plus nécessairement une erreur. L'opinion d'Aristote, d'après laquelle la vermine serait engendrée par l'ordure - opinion qui est encore celle du peuple ignorant - , était une erreur ; de même l'opinion qu'avait une génération antérieure de médecins, et d'après laquelle le tabès aurait été la conséquence d'excès sexuels. Il serait impropre d'appeler ces erreurs des illusions, alors que c'était une illusion de la part de Christophe Colomb, quand il croyait avoir trouvé une nouvelle route maritime des Indes. La part de désir que comportait cette erreur est manifeste.


Tabès : nom ancien de la syphillis

Voici ce que j'ai fait pour l'instant :

Le texte porte sur l'origine de la religion. Freud se demande quelle est l'origine de la religion, de ses dogmes, de ses rites et si elle est fondée. La religion est à ses yeux une illusion née des fantasmes infantiles.
[...]

I ) La définition des idées religieuses :
...mais je ne vois pas quelles sous-parties je pourrais faire ??

II) Différence entre illusion et erreur :
a) Qu'est ce qu'une erreur :
...il semble qu'une erreur devient illusion quand elle est investie par le désir d'un individu, mais cette idée est contestable puisque elle écarte à mon avis le jugement d'autrui en un sens. Est-ce que ce n'est pas par le jugement d'autrui, ou par un jugement extérieur
[...] qu'une illusion devient erreur et inversement ?

b) Définition d'une illusion
...ce qui est très intéressant c´est sa délimitation du terme illusion. Une erreur est une sorte d´illusion mais le contraire n´est pas forcément vrai. Je pense qu´il fait une concession très curieuse qui peut relever d´une stricte position intellectuelle sur l´existence du surnaturel et d´autre part une sorte d´accusation de ce que peut être le sentiment religieux, réalisation des désirs les plus profonds et partant, l´usage que l´on peut en faire.
Il nous le montre d'autant plus dans cet exemple : concernant Christophe Colomb, c'était une illusion de croire qu'il avait trouvé une nouvelle route vers les Indes. Dans ce cas, il y avait illusion, car
"la part de désir que comportait cette erreur est manifeste". Il était parti dans ce but et il voulait le croire. D'où l'erreur qui nous fait encore appeler "indiens" des hommes qui vivaient en Amérique avant la colonisation.

...mais après je manque d'idées pour étayer mon commentaire. De plus je ne saisis pas trop bien le premier paragraphe."

=> 10/02/06 : Bonjour Babs. Vous avez sûrement remarqué que ce texte était présent dans la base Philia, mais autrement découpé (ici). Quelques éclaircissement pour vous aider à compléter votre travail préparatoire, qui contient déjà de bonnes choses :

  • En ce qui concerne le premier §. : il ne semble pas que vous ayez à faire des "sous-parties" dans votre explication, même si l'auteur y formule une distinction capitale. En effet, les "idées religieuses", écrit Freud, sont "des illusions", et non pas "le résidu de l'expérience ou le résultat final de la réflexion". Cette précision est importante, car elle suggère que la religion pourrait, sans être scientifique, se révéler néanmoins "acceptable" si elle était autre chose que la réalisation fantasmatique "des désirs les plus anciens [...]" : l'auteur laisse donc entendre ici qu'une "religion naturelle" (au sens du XVIIIe s.) aurait une sorte de légitimité : les hommes les plus savants sont en effet incapables de tout expliquer, non pas tant parce que la science n'est pas parvenue à son terme, mais essentiellement parce que l'expérience en elle-même, aussi bien que la pensée rationnelle, ont, en fin de compte ("résidu", "final") des limites = les limites du pouvoir de connaître de l'esprit humaine. Ainsi, combler le manque à connaître de la science (qui est justement l'oeuvre de l'esprit humain) en postulant l'existence d'une sorte de Dieu n'est sans doute pas illusoire - même si un tel postulat ne mérite pas d'être rangé parmi les résultats des sciences. C'est en somme la leçon de Kant : faire une place à la croyance n'est en rien irrationnel. Au contraire : c'est la raison qui nous commande de croire lorsqu'en s'examinant elle-même elle est amenée à reconnaître ses propres limites... Mais les "idées religieuses", telles qu'elles existent de par le monde, ne doivent rien à une telle autocritique de la raison. Ce n'est pas, en effet, une "critique de la raison pure", comme dirait Kant, qui les inspire et les fait surgir ; elles ne doivent rien à la pensée réfléchie ni à la considération rationnelle des limites de l'expérience possible. Au contraire, elles ne sont que "la réalisation des désirs [...]" les plus archaïques des hommes.

    Vous pourriez vous inspirer de cette distinction fondamentale de ce premier §. pour rédiger votre introduction (= formulation du problème), mais aussi, en prolongeant ces quelques éclaircissements, pour étayer votre commentaire.

  • Deuxième §. : le terme d'illusion, employé dans le premier §. à propos des religions, demande à être défini. Une illusion, explique Freud, n'est pas une banale erreur, et vous avez tout à fait raison d'écrire qu' "une erreur devient illusion quand elle est investie par le désir d'un individu"... toutefois, alors, on ne comprend pas bien que vous puissiez écrire, plus loin, qu' "une erreur est une sorte d´illusion mais le contraire n´est pas forcément vrai". En fait, pour Freud, erreur et illusion sont de nature différente, et ce qui fait toute la différence, c'est leur origine : l'erreur d'Aristote doit, selon lui, être attribuée à l'ignorance, aux limites du savoir de l'époque, etc. Tandis que Christophe Colomb est dans l'illusion car - toujours selon l'auteur - il "croyait avoir trouvé une nouvelle route maritime des Indes", contrée lointaine abritant tous les trésors dont l'Occident pouvait rêver.

    Une façon intéressante de différencier l'illusion de l'erreur, corroborant la distinction opérée ici par Freud, consiste à se demander comment on quitte l'erreur et comment on quitte l'illusion : on corrige ses erreurs, qui ne sont, somme toute, que des fautes involontaires, et même non désirées. Nous rendant compte que nous nous sommes trompés, nous "rectifions le tir", quoi qu'il nous en coûte. Mais nous ne pouvons ni corriger ni rectifier nos illusions : nous les perdons. Or on ne perd que ce qui est à soi et à quoi l'on tient : c'est donc le signe que nous tenons à nos illusions, qui nous plaisent - et qui explique qu'on ne les perde qu'à regret, après un travail sur soi. Bref, nos illusions nous conviennent et nous arrangent. Nous les aimons, et - comme on dit - nous nous berçons d'illusions, comme en un rêve en lequel nous aimons croire : l'illusion, contrairement à l'erreur, est toujours teintée de désir, au sens où elle est la réalisation imaginaire de nos désirs : désir de richesse (l'alchimie, qui prétend pouvoir transformer le plomb en or, est, dit-on Freud, une illusion typique), désir d'amour (le rêve de jeune fille d'épouser un "prince charmant"), etc.

    Réalisations fantasmatiques de notre désir de protection (Dieu n'est qu' "un père plus puissant", écrit Freud - une sorte de "super-papa" !), d'immortalité, de justice même par-delà la mort, les religions sont, aux yeux de Freud, des illusions tout aussi avérées.

    C'est une difficulté cependant que cette distinction <erreur> / <illusion> , et vous pourriez en débattre dans votre commentaire, car la frontière n'est peut-être pas si simple à établir. Certes, il ne semble pas y avoir d'enjeu de désir dans la croyance en la génération spontanée (= "
    l'opinion d'Aristote, d'après laquelle la vermine serait engendrée par l'ordure")... mais qui sait ? Qu'en est-il exactement dans la pensée d'Aristote et du "peuple ignorant" ? Et après tout, n'y a-t-il pas aussi de l'ignorance dans l'entreprise colombienne ? En effet, Colomb ignorait réellement la dimension des Indes, et c'est pourquoi il se figura pouvoir y parvenir par la voie occidentale : en ce sens, qu'était-ce d'autre qu'une erreur ? Freud écrit d'ailleurs un peu plus loin (voyez l'extrait ici) que "des exemples d'illusions authentiques ne sont pas, d'ordinaire, faciles à découvrir", au sens où une illusion traduit littéralement un désir. Aussi propose-t-il de considérer que l'illusion est "une croyance quand, dans la motivation de celle-ci, la réalisation d'un désir est prévalente" - c'est moi qui souligne. Mais justement : comment savoir si cette "réalisation" est prévalente dans la pensée, et comment "mesurer" cette prévalence ?... A contrario, la pensée magique n'est-elle pas déjà à l'oeuvre dans la "théorie" de la génération spontanée ? N'est-il pas en effet illusoire et infantile de croire qu'un être vivant puisse naître d'une matière inanimée ?

    Vos remarques sur le "jugement d'autrui" peuvent peut-être aussi servir... peut-être, car je ne suis pas sûr d'avoir parfaitement compris ce que vous écrivez : voulez-vous dire que le caractère illusoire ou simplement erroné d'une pensée, d'une croyance, dépend de l'idée qu'on se fait de ce qui est possible ? Freud, semble-t-il, y a pensé, puisqu'il écrit, peu après la fin de l'extrait que vous avez à expliquer : "
    Que le Messie vienne et fonde un âge d'or, voilà qui est beaucoup moins vraisemblable [que la rencontre d'un prince charmant par une jeune fille de condition modeste] : suivant l'attitude personnelle de celui qui est appelé à juger de cette croyance, il la classera parmi les illusions ou parmi les équivalents d'une idée délirante" (voir l'extrait Philia). Il y a donc bien un problème de critère d'appréciation. Est-ce là ce que vous vouliez pointer ? Il faudrait en savoir plus sur votre idée, mais je vous crois tout à fait capable de la reformuler un peu plus clairement ;-)

Bon courage pour la suite. Avec toutes mes...


-: Amitiés :- P h i l i a.

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