=> 18/11/2005 : Bonjour. Pardon pour le retard. Il m'a été impossible de vous répondre plus tôt. Notez toutefois, cher (ou chère ?) Odjenebice, que j'ai corrigé vos fautes (d'orthographe, de ponctuation, de syntaxe). Je suis trop bon ;-)

Vous avez écrit :

1. "Pourquoi dit-on que les philosophes sont des fous, qu'ils ne pensent pas comme les autres ?" ...Sauf erreur, cela fait deux questions ! Ou alors vous admettez que ne pas penser comme tout le monde c'est être fou... Mais je ne peux pas croire que c'est ce que vous vouliez dire. "Les philosophes ne pensent pas comme les autres" : oui, souvent, c'est vrai. Vous reconnaîtrez d'ailleurs certainement qu'il ne servirait à rien de travailler à améliorer la pensée, comme font les philosophes, si c'était seulement pour penser comme font ceux qui ne font pas cet effort. On peut pourtant parfois trouver des convergences entre l'opinion commune (comme les philosophes la nomment souvent) et la pensée philosophique, mais cela n'exclut pas les surprises. Descartes, par exemple, semble admettre que nous avons une âme - comme beaucoup de gens l'admettent, mais sans trop se demander ce qu'elle est. Or s'ils se posaient la question, comme l'a fait Descartes (par exemple dans ses premières Méditations métaphysiques), ils s'apercevraient, eux aussi, que si nous avons vraiment une âme, elle doit être un bien étrange "objet" - par exemple qu'elle ne peut être "dans le corps", puisque, si tel était le cas, on la considérerait comme une partie du corps, comme un organe matériel... ce qui ne "cadre" pas : l'âme n'est pas le cerveau, ni - par définition - aucune autre partie du corps... Beaucoup de gens disent cependant que c'est leur cerveau qui pense. Ils ont certes le droit de le penser, mais ils ne se rendent pas compte qu'en parlant ainsi, ils se situent en dehors de leur cerveau, puisqu'ils disent que c'est leur cerveau... Conclusion : les gens ordinaires, à la différence des philosophes, ne sont guère logiques !
   
   
2. "Comment être meilleur dans la matière ?" Vous faites bien de poser cette question, car beaucoup croient qu'elle n'a même pas à être posée. Pourtant, il est tout à fait possible, en philosophie aussi bien qu'ailleurs, de faire des progrès. En quelques mots :
   
   (1) Le cours de philosophie de votre professeur est une base irremplaçable. Tâchez de l'écouter avec patience et attention. Prenez des notes - sans abuser des abréviations, qui ne font pas gagner beaucoup de temps et nuisent à la compréhension aussi bien qu'à la relecture. Participez, sans vous préoccuper des réactions que peuvent avoir vos camarades de classe.
   
   (2) Faites des lectures, notamment en vue de vos devoirs, mais aussi en liaison avec votre cours. Votre professeur vous donne certainement des références exploitables moyennant quelques efforts - surtout pour les premières pages. Ces lectures peuvent être secondées par d'autres sources de réflexion, y compris la télévision... ou internet, mais il faut insister sur la nécessité du livre, spécialement en terminale parce que des études ont montré que les élèves lisent généralement moins en terminale qu'en première, et moins en première qu'en seconde. Si vous n'êtes pas un lecteur habituel, ce sera peut-être un peu difficile au début. Cependant, moins vous lirez, plus ce sera difficile... et moins vous lirez. La seule façon de rompre ce cercle vicieux est de vous procurer un livre, de prendre connaissance de son contenu, par exemple en parcourant la table des matières, et de commencer à lire, à partir des premières pages ou n'importe où dans le corps de l'ouvrage : une oeuvre philosophique n'est pas un roman, et, lorsqu'elle existe, la préface (ou l'introduction) est souvent la partie la plus difficile... Côté longueur : pas de panique ! L'important n'est pas la quantité de pages lues, mais la qualité - du livre, bien sûr, mais aussi de votre lecture. Il existe d'ailleurs des oeuvres brèves, voire très brèves. A titre d'exemple, la Lettre à Ménécée d'Epicure tient sur moins de 5 pages, et le texte n'est pas difficile. Vous pourriez donc commencer par celui-là. Je vous recommande aussi de lire un dialogue de Platon, par exemple l'Apologie de Socrate, ou bien la première moitié du Gorgias, sur l'art des beaux discours trompeurs (= la rhétorique) et la vraie justice, ou encore la partie centrale du Banquet (sur l'amour : le discours d'Aristophane + le dialogue Socrate / Diotime). D'autres lectures sont bien sûr possibles en terminale, quelle que soit la série, par exemple Epictète (le Manuel), Rousseau (le Discours sur l'origine de l'inégalité), Freud (Cinq leçons sur la psychanalyse), Alain (Propos sur le bonheur), Sartre (L'existentialisme est un humanisme)... Il s'agit là d'oeuvres essentielles, mais assez courtes et accessibles sans grandes difficultés. Vous trouverez la plupart d'entre elles avec des présentations et des éclaircissements chez les éditeurs scolaires (Hatier, Nathan...). Bien sûr, vous pouvez aussi lire des ouvrages moins "classiques". Par exemple, Les enfants sauvages, de Lucien Malson (sur la nature humaine et l'éducation)... J'ai déjà promis il y a quelques temps une bibliographie commentée. Pas eu le loisir encore, hélas. Mais la promesse sera tenue. D'ici bientôt. Promis juré (malgré le sentiment d'avoir, à ce sujet, déjà promis et juré <= ici...).

Donnez de vos nouvelles, notamment concernant vos lectures, si j'ai réussi, comme je l'espère, à vous persuader qu'il est aussi agréable qu'enrichissant de lire. A bientôt.
Avec mes...