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édition originale 16-03-2003
actualisée le 12-05-2008

Aristote : science et sensation...
01/11/2005

De So, le 01/11/05 : "Bonjour. Je dois faire un commentaire sur un texte d'Aristote, mais je ne sais pas si le problème que j'ai trouvé est le bon. Je pense que l'auteur se demande si avec les sensations, on peut quand même comprendre certaines choses. Donc que la science a un rapport avec les sensations, même si elles ne sont pas universelles."

Le texte :

L'universel, ce qui s'applique à tous les cas, est impossible à percevoir, car ce n'est ni une chose déterminée, ni un moment déterminé, sinon ce ne serait pas un universel, puisque nous appelons universel ce qui est toujours et partout. Donc, puisque les démonstrations sont universelles, et que les notions universelles ne peuvent être perçues, il est clair qu'il n'y a pas de science par la sensation. Mais il est évident encore que, même s'il était possible de percevoir que le triangle a ses angles égaux à deux droits, nous en chercherions encore une démonstration, et que nous n'en aurions pas une connaissance scientifique : car la sensation porte nécessairement sur l'individuel, tandis que la science consiste dans la connaissance universelle. Aussi, si nous étions sur la Lune, et que nous voyions la Terre s'interposer sur le trajet de la lumière solaire, nous ne saurions pas la cause de l'éclipse : nous percevrions qu'en ce moment il y a éclipse mais nullement le pourquoi, puisque la sensation ne porte pas sur l'universel. Ce qui ne veut pas dire que par l'observation répétée de cet événement, nous ne puissions, en poursuivant l'universel, arriver à une démonstration, car c'est d'une pluralité de cas particuliers que se dégage l'universel.

ARISTOTE

=> 02/11/2005 : Bonjour. Il ne vous aura pas échappé que cet extrait des Seconds Analytique d'Aristote se trouve dans la base Philia.

..."Quand même", écrivez-vous : c'est tout à fait cela. C'est bien ainsi que l'alternative raison / sensation est résolue : la science, qui porte sur l'universel, n'est pas en effet une collection d'observations empiriques (empirique = qui vient de l'expérience - sous-entendu : sensible). Cependant, en cas de besoin, elle peut tout de même prendre appui sur des sensations. Il faut juste alors vous demander dans quel(s) cas. Vous êtes donc sur la bonne voie ! Soyez seulement attentif au verbe pouvoir dans la dernière phrase ("Ce qui ne veut pas dire que [...] nous ne puissions [...] arriver à une démonstration"). En d'autres termes : (1) c'est possible, mais ce n'est peut-être pas toujours possible, ou pas toujours nécessaire, et (2) cela, notamment, parce que les sciences ne requièrent peut-être pas toutes les mêmes méthodes. Il faut donc faire des distinctions entre les diverses sciences.

Dans votre commentaire, il serait vraiment utile, également, d'engager une petite discussion, ou du moins de pointer le problème soulevé par cette affirmation contenue dans la dernière phrase du texte : est-il vraiment possible de tirer l'universel (= la "théorie", la "loi") du singulier (= "l'observation répétée" des cas particuliers grâce aux "sensations") ? Pour cela, vous pourriez par exemple faire jouer la différence entre l'universel et le général, mais aussi tâcher de savoir comment procèdent les sciences aujourd'hui. Je ne vous en dit pas plus, puisque vous allez trouver la suite de vous-même...

Donnez de vos nouvelles. Avec mes..


-: Amitiés :- P h i l i a.

Référence du message : ID 079

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