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La messagerie de Philia COURRIER édition originale 16-03-2003 actualisée le 12-05-2008 |
Freud : du principe de plaisir au principe de réalité... 05/02 & 16/02 & 17/02/2005 |
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Le 5/02/05, cette demande d'éclaircissement de Snap99 concernant un texte de Freud : En ce qui concerne les tendances sexuelles, il est évident que du commencement à la fin de leur développement, elles sont un moyen d'acquisition de plaisir et elles remplissent cette fonction sans faiblir. Tel est également, au début, l'objectif des tendances du moi. Mais sous la pression de la grande éducation qu'est la nécessité, les tendances du moi ne tardent pas à remplacer le principe de plaisir par une modification. La tâche d'écarter la peine s'impose à elles avec la même urgence que celle d'acquérir du plaisir ; le moi apprend qu'il est indispensable de renoncer à la satisfaction immédiate, de différer l'acquisition de plaisir, de supporter certaines peines et de renoncer en général à certaines sources de plaisir. FREUD, Introduction à la Psychanalyse, Deuxième partie, Chapitre 14, éd. Payot "Ce qui me trouble dans ce texte, ou plutôt ce que je ne comprends pas, certainement parce que je ne connais pas l'oeuvre de Freud, c'est que le moi ne se laisse pas dominer par le principe de plaisir, mais se conforme au principe de réalité : qu'est-ce que cela signifie au juste ? Merci de m'éclairer si vous avez le temps." |
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=> 08/02/05 : Je vous réponds avec plaisir. Ce n'est pas si difficile en réalité... puisque le texte suggère déjà lui-même que cette conversion du moi au principe de réalité est dûe à sa rencontre avec la réalité. La réalité, en effet, est d'abord à penser comme obstacle, comme négation dit Freud. Or, les mécanismes inconscients ignorent totalement la négation : le rêve, qui est "la voie royale de l'inconscient", en est la parfaite illustration, puisque le rêveur ignore le temps (dans le rêve, les époques sont confondues sans discernement), la contradiction (le rêve superpose les contraires comme s'ils étaient parfaitement compatibles)... et la réalité en général (morale / sociale... aussi bien que physique), qui est remplacée par la vie psychique elle-même. L'inconscient tel que le pense Freud ne s'embarrasse pas non plus de la mort, dans la mesure où elle fait obstacle au principe de plaisir : l'inconscient ignore aussi bien sa propre mort que celle des autres (s'il voit en eux des "gêneurs") : l'inconscient est "un assassin qui se croit immortel". Pourtant, tôt ou tard, le moi, qui a naturellement tendance à obéir au principe de plaisir qui est la "loi" de l'inconscient, a fort à faire avec la réalité, avec la morale, avec le temps, avec la mort,... et doit, bien malgré lui, "sous la pression de la grande éducation qu'est la nécessité", changer d'orientation. Pas agréable et pas facile, bien sûr, la "modification" se présente cependant comme impérative. Toutefois, l'auteur souligne que, finalement, le moi y trouve son compte, dans la mesure où le principe de réalité "a également pour but le plaisir, mais un plaisir qui, s'il est différé et atténué, a l'avantage d'offrir la certitude que procurent le contact avec la réalité et la conformité à ses exigences". ...Voilà qui doit nous rassurer ! Nous n'aurons pas fourni tous ces efforts pour rien, et je vous invite d'ailleurs, pour terminer, à méditer la version philosophique (c'est-à-dire volontaire et parfaitement organisée) de cette "modification" chez Epicure. Amicalement. Philia. |
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Réponse de Snap99 le 12/02/05 : "C'est avec un grand plaisir que j'ai lu votre réponse. Merci beaucoup. Entre temps j'ai approfondi un peu Freud ; tout de même il insiste surtout sur l'instinct sexuel en ramenant toutes les tendances à cette tendance initiale alors que ses disciples soutiennent d'autres tendances (instinct de domination,...). Dans ce texte, je peux tout de même parler des autres tendances (sensorielles, alimentaires, sociales, argent...). Citer Epicure par exemple, car la thèse de Freud a sa valeur mais certains points sont exagérés : l'homme a certainement plusieurs tendances essentielles. Dans la première partie du devoir cette limitation au sexuel de Freud me gêne, mais je crois savoir que dans une explication de texte on ne doit pas critiquer l'auteur : comment faire alors ? Si vous avez du temps encore pour me répondre... Merci !" | |
=> 13/02/05 : Rebonjour Snap. Juste un conseil : ne vous éparpillez pas ! Evoquez Jung ou Adler, si vous voulez, mais faites-en un usage prudent, car la "philosophie comparative" donne rarement des résultats intéressants. Concentrez-vous sur ce que dit l'auteur plutôt que sur l'auteur lui-même. Or, à ce sujet, la difficulté, manifestement, - si vous permettez - c'est que vous en savez à la fois trop et pas assez... Notez seulement que ce n'est pas l'idée (pourtant nouvelle) d'inconscient qui a fait scandale à l'époque où Freud écrivait, mais bien l'idée d'une sexualité infantile : les enfants sont des anges ; or les anges n'ont pas de sexe ; donc... |
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Réponse de Snap99 le 16/02/05 : "Merci encore, vous m'avez bien aidé. Je vais essayer de faire tout seul le reste du devoir, prendre mes responsabilités, c'est un bien grand mot ! En tout cas j'admire votre culture et en plus votre humour ! Félicitations pour votre site remarquable." Et doute du même le 17/02 : "principe de réalité qui, au fond, a également pour but le plaisir, mais un plaisir qui, s'il est différé et atténué, a l'avantage d'offrir la certitude que procurent le contact avec la réalité et la conformité à ses exigences."... "Je pensais finir mon devoir tout seul, mais pour cette partie je ne sais pas bien s'il faut parler de la sublimation comme facteur d'équilibre, de déplacement de l'énergie vitale acquise vers des buts socialement élevés (art, vie de dévouement...) afin de conformer les deux principes ; là j'ai un doute et peur de me planter. Excusez moi encore pour ma demande !" |
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=> 18/02/05 : Vous n'avez pas besoin de vous excuser et vos remerciements, cher Snap, me vont droit au coeur. Concernant votre dernière question, ne vous inquiétez tout de même pas trop. Si vous êtes bien en terminale, vous savez sûrement que vous n'êtes pas tenu de connaître la "doctrine" de l'auteur. Aussi, votre idée d'évoquer la sublimation est bonne, mais on ne pourra pas vous reprocher d'ignorer ce concept. Apparemment, vous en avez la notion, donc ne vous privez pas de l'évoquer, en quelques mots, en indiquant que Freud estime que la sublimation constitue une "sortie par le haut" plus honorable, bien sûr, que le "passage à l'acte" ou le refoulement, mais même par comparaison avec le renoncement : voyez la fin de la 5e et dernière des Leçons de Freud (Freud, Cinq leçons sur la psychanalyse, chez Payot). Mais ne perdez pas de vue qu'il est sûrement plus important de souligner l'intérêt philosophique des propos en question : ni le bonheur ni la liberté ne se peuvent concevoir sans ce renoncement partiel au "principe de plaisir" qu'impose la "réalité" : croire qu'il faille céder aveuglément au "principe de plaisir" (sous prétexte qu'il exprimerait notre "nature"), qu'il soit nécessaire d'obéir sans hésitation aux pulsions (sous prétexte qu'elles seraient "libres"), c'est en effet confondre bonheur et amusement, liberté et licence, c'est-à-dire se comporter comme les enfants et refuser de grandir. Il est de toute façon sûrement plus judicieux de souligner l'enjeu philosophique du texte, en évoquant par exemple - comme nous en discutions déjà précédemment - sa parenté avec la thèse épicurienne (voire stoïcienne) plutôt que de se perdre dans les méandres des concepts psychanalytiques. De toute façon, votre doute vous honore. Et je vous adresse toutes mes... |
-: Amitiés :- P h i l i a.
Référence du message : ID 053
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