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édition originale 16-03-2003
actualisée le 12-05-2008

Science et valeur...
30/12/2006

De Mademoiselle Boutchou (!?) le 30/12/2006 : "Bonjour. J'ai une dissertation à faire sur "Science et valeur". Je suis en prépa HEC, et donc la science c'est mon thème... malheureusement ! J'ai pensé montrer que la science est en elle-même un système de valeur même si par un souci de neutralité axiologique et d'objectif elle essaie d'exclure toute référence aux valeurs. Mais en même temps la science, dans son développement, doit prendre en compte l'éthique. Finalement la science dépend des valeurs de la société dans laquelle elle se développe (puisque par exemple si on prend le cas de la bombe atomique : Hahn n'est pas responsable de son application dans le domaine militaire puisque comme toute découverte scientifique au début elle est neutre, et puis la société a préféré l'utiliser pendant la guerre plutôt que d'en chercher des applications civiles). Merci d'avance de m'aider à compléter ma réflexion... et puis j'ai des difficultés pour élaborer des plans donc si vous pouvez m'indiquer une méthode..."

Et, de la même, le 01/01/2007 : "C'est encore moi, je voulais déjà vous remercier d'avoir pris ma demande en compte...et puis je voulais vous faire part de mon avancée...mais avant ça j'ai une autre question... Henri Poincaré a écrit La valeur de la science, mais en fait si j'ai bien compris les résumés que j'en ai lu (je n'ai pas vraiment le temps de lire une oeuvre complète) il justifie en fait la séparation entre la science et l'activité morale par une raison grammaticale (le fait que la science décrit au mode indicatif et que la morale prescrit sur le mode impératif). Mais je ne vois pas le rapport avec le titre en fait, j'ai l'impression que c'est tout le contraire.

Enfin, à présent voilà mon plan plus ou moins détaillé :

I / La science exclut de son domaine toute référence aux valeurs

  • La méthode scientifique exige justement du scientifique qu'il mette de coté sa subjectivité, qu'il suive une certaine neutralité axiologique.
  • La science dans son développement ne se développe que par rapport à ses avancées présentes. La question "doit-on aller plus loin ?" n'est pas une question scientifique ; c'est la société qui y répond ; le scientifique répond simplement à la question : "peut-on aller plus loin ?" dans le sens : a-t-on les capacités techniques de continuer telle ou telle recherche ?

II / Pourtant, la science, fondée sur un système de valeurs, est une valeur

  • La méthode scientifique passe par des choix. En effet le scientifique sélectionne des faits en fonction de questions qu'il pose à la nature. Et par la question qu'il décide de poser à la nature, il est déjà influencé par ses propres valeurs. En effet le scientifique est un homme comme les autres, il est guidé par un système de valeur. Et puis lorsqu'il sélectionne des faits et en rejette certain, c'est aussi un jugement de valeur qu'il opère. La science en tant que résultat du travail d'un homme est donc fondée sur des valeurs.
  • Certains sont obnubilés par les progrès de la science, par cette science qui incarne la vérité, qui peut répondre à tout, d'autres au contraire sont sceptique par rapport à cette connaissance rationnelle. Cela illustre bien le fait que la science n'est qu'une valeur parmi d'autres. Et elle n'est surtout pas « la » valeur.

III/ Et enfin la science ne peut se détacher du domaine des valeurs : elle doit respecter une certaine éthique.

  • La science n'est pas neutre et son développement à travers la technique n'est pas sans conséquence. En effet, comme nous l'avons vu précédemment, il y a un « autodéveloppement » de la technique par rapport à l'état des techniques actuelles. Or, après notamment l'épisode de la bombe atomique, nous ne pouvons plus rester sans rien faire. La société dans son ensemble en prônant la science comme une de nos principales valeurs doit réflechir aux applications des avancées scientifiques. Et la question « doit-on continuer ? » ne se pose plus uniquement aux non-scientifiques. Elle se pose aussi aux scientifiques en tant que scientifiques mais aussi en tant qu'hommes.
  • L'éthique indique ce qui doit être ; elle est de l'ordre de la morale, des valeurs. La science doit, pour être légitime, répondre à une certaine éthique.

    Voilà. Ce n'est pas très complet et c'est vrai que ce thème de culture général ne me plaît pas beaucoup (ce qui n'aide pas...), en tout cas je vous remercie d'avance pour votre aide !!
    "

=> 05/01/07 : Bonjour Boutchou. Ce que vous avez trouvé n'est pas mal du tout !

Pour vous répondre au sujet de La valeur de la science : cet ouvrage, publié au tout début du siècle dernier, est disponible sur le site Wikisource (analyse : voir Wikipédia). L'une des idées développées par Poincaré est bien proche de celle que vous lui attribuez. Il accorde en effet à l'activité scientifique un statut que la philosophie pourrait envier. Ainsi écrit-il, par exemple : "Ce n'est que par la Science et par l'Art que valent les civilisations. On s'est étonné de cette formule : la Science pour la Science ; et pourtant cela vaut bien la vie pour la vie, si la vie n'est que misère ; et même le bonheur pour le bonheur, si l'on ne croit pas que tous les plaisirs sont de même qualité, si l'on ne veut pas admettre que le but de la civilisation soit de fournir de l'alcool aux gens qui aiment à boire." (La valeur de la science, Chap. XI). L'objectivité vaut donc pour elle-même, et, si cet auteur avait à traiter votre sujet, il dirait très probablement que la science poursuit une valeur : la vérité — valeur ayant ici le sens de finalité, de destination, ou encore d'idéal, ce qui est particulièrement adéquat chez Poincaré, qui estime que (comparées aux mathématiques) les sciences naturelles (= la physique, la chimie...) ne peuvent atteindre qu'une connaissance approchée.

Pour votre II, il faudrait vous conseiller de consulter, par exemple, la critique du positivisme (et du technicisme) proposée par Jürgen Habermas dans le petit recueil d'articles intitulé La technique et la science comme « idéologie » (dans la collection Tel, chez Gallimard) : pour Habermas, la technoscience s'est aujourd'hui constituée en rideau de fumée pseudo-rationnel (ce qui permet de parler d'idéologie) s'efforçant de dissimuler des intérêts qui n'ont absolument rien d'objectif / d'éthique / d'humanitaire... la fumée la plus épaisse entourant la gestion technocratique du monde par les « experts ».

Pensez à donner de vos nouvelles. Avec toutes mes...


-: Amitiés :- P h i l i a.

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